Les briquets Bic dans le viseur de Bruxelles

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Europe1.fr, Isabelle Ory et François Coulon , modifié à
- La Commission va revenir sur une taxe anti-dumping qui écartait la concurrence chinoise.

La Commission européenne a décidé de mettre de l'ordre dans le marché des... briquets, selon les informations recueillies par Europe 1. En première ligne : le fabricant français Bic qui pourrait se voir menacer dans un secteur où il était jusqu'alors protégé.

Retour sur les faits : depuis 21 ans, les briquets français Bic, un des géants de ce secteur, sont protégés de la concurrence par une taxe anti-dumping. En Europe, cette taxe frappe tous les briquets chinois, a priori moins chers et de moins bonne qualité. D'un montant de 6,5 centimes d'euros, elle se traduit par le doublement du prix des briquets chinois sur le marché européen. La Commission européenne supprimera cette protection le 12 décembre. Exposant de fait Bic à une concurrence que le groupe ne subissait pas jusqu'à présent.

Bic menace de délocaliser

Pour Bruxelles, l'ouverture du marché ne causera pas de dommage à l'industrie européenne. Bic n'a "fourni aucune preuve qu'il existait un dommage", a indiqué une source européenne en soulignant que la marge d'exploitation de Bic s'élevait à environ 40% dans le secteur des briquets. La décision de la Commission n'est pas "naïve", elle est basée sur des faits", a insisté cette source.

Mais la réaction de Bic n'a pas tardé. Le patron du groupe a mis en garde : il risque d'aller produire ses briquets ailleurs. Il menace aussi de remettre en cause un investissement de plusieurs dizaine de millions d'euros dans l'usine Bic de Redon, en Bretagne.

Pour Jean-Louis Fougère, président de la communauté de communes de Redon interrogé par Europe 1, c'est un énorme gâchis : "Si on n'est pas foutus de préserver de l'emploi de qualité et des savoirs-faire capable de conquérir 85 % des marchés mondiaux, que voulez-vous que je vous dise ? On parle d'un investissement de 30 à 40 millions d'euros, des projets comme ça nous n'en avons pas beaucoup. Si les autres pays ferment leurs frontières, pourquoi nous, l'Europe, on ne le ferait pas pour protéger mes entreprises ?"