Les PME boudent le Crédit d'impôt compétitivité

Lancé en grande pompe en novembre 2012, le Crédit d'impôt Compétitivité Emploi (CICE) devait être l'arme principale pour aider nos entreprises engluées dans la crise.
Lancé en grande pompe en novembre 2012, le Crédit d'impôt Compétitivité Emploi (CICE) devait être l'arme principale pour aider nos entreprises engluées dans la crise. © MAXPPP
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Sophie Amsili et Pascal Berthelot , modifié à
- 50% des PME n'en veulent pas. Lancé en novembre dernier, il est jugé trop compliqué par les patrons.

Le chiffre. Lancé en grande pompe en novembre 2012, le Crédit d'impôt Compétitivité Emploi (CICE) devait être l'arme principale pour aider nos entreprises engluées dans la crise. Mais ces dernières ne se montrent pas pressées de solliciter cette aide : 55% des patrons de PME ne prévoient même pas de demander à bénéficier du CICE, selon un sondage KPMG, publié à l'occasion du salon Planète PME au Palais des Congrès à Paris, dont Europe 1 est partenaire. Pour le moment, seulement 4324 demandes ont été déposées alors que la France compte 2,5 millions de PME.

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Le dispositif pourrait pourtant leur faire faire de jolies économies : environ 1.000 euros de réduction d'impôt par salarié gagnant entre 1 et 2,5 fois le SMIC. A la clé : l'équivalent d'une baisse du coût du travail de 6%, a promis le Premier ministre.

"Ce n'est absolument pas adapté aux PME." Mais le CICE est "trop compliqué", juge au micro d'Europe 1 Clément de Souza, dirigeant d'une entreprise d'une vingtaine de salariés, Accessit, qui fabrique du mobilier pour les restaurants d'entreprise à Saint-Ouen-l'Aumône, près de Paris. Les affaires sont dures, mais le dirigeant d'entreprise ne sollicitera pas le crédit d'impôt, faute de temps pour se consacrer aux modalités de ce dispositif : "on n'a pas de directeur financier, on a un expert comptable externe", souligne-t-il. "Le temps de comprendre comment ça marche… on n'a pas de visibilité. De plus, la réduction portera sur l’impôt à acquitter en 2014 au titre de l’exercice 2013. Résultat : l'aide interviendra l'année prochaine "alors que les besoins en trésorerie sont en 2013", regrette Clément de Souza. "Ce n'est absolument pas adapté aux PME. Dans les grands groupes, c'est sûrement possible, mais c'est trop complexe pour nous."

"Mauvaise information". L'aide a été mal engagée, estime de son côté Jean François Roubaud, président de la Confédération générale des Petites et moyennes entreprises (CGPME), contacté par Europe 1 : "il y a eu une mauvaise information au départ" qui pénalise encore le dispositif. Ainsi, le CICE exigeait 25.000 euros de préfinancement, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. A la paperasserie s'ajoute la peur : un patron de PME sur dix craint que demander un crédit d'impôt ne déclenche automatiquement un contrôle fiscal.