Lepaon, patron de la CGT par défaut ?

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et Olivier Samain , modifié à
PORTRAIT - Thierry Lepaon a été adoubé par la direction pour succéder à Bernard Thibault.

Après Bernard Thibault, ce sera donc Thierry Lepaon. La direction de la centrale syndicale l’a en effet adoubé mardi pour devenir le futur secrétaire général du syndicat. Sauf rebondissement de dernière minute, ce dernier devrait donc être aux manettes à partir de mars 2013. Mais qui est donc Thierry Lepaon ?

• Son CV. Aujourd’hui âgé de 52 ans, Thierry Lepaon a commencé à l’âge de 17 ans dans la chaudronnerie au poste de soudeur. Il s’est ensuite fait remarqué lorsqu’il est devenu le porte-voix des salariés de Moulinex en 2001, même s’il n’a pu empêcher la fermeture de l’usine. Il a ensuite rejoint le Conseil économique, social et environnemental (Cese), où il siège depuis 2009.

Mais cette trajectoire en fait un homme "polémique" chez les anciens Moulinex, qui l’accusent de les avoir lâchés. "Thierry Lepaon, c’est quelqu’un qui aime bien être auprès des gens de pouvoir C’est pour le moins un opportuniste", a accusé sur Europe 1 Lionel Müller, ancien délégué CGT chez Moulinex. Et ce dernier d’ajouter : "je pense qu’il n’a pas la carrure pour un tel mandat, il ne va pas faire trembler le Medef, on va au devant de cruelles désillusions".

Son profil : le candidat par défaut. Il y a quelques mois, Thierry Lepaon était tout sauf le favori pour succéder à Bernard Thibault. Mais ce dernier a échoué à convaincre la direction de la CGT de soutenir son poulain, Nadine Prigent. Les noms de deux autres candidats circulent alors, Eric Aubin et Agnès Naton, mais aucun ne suscite le consensus. Thierry Lepaon est donc un candidat de compromis entre les différents courants de la CGT : en pleine négociations des partenaires sociaux sur la compétitivité, le syndicat ne peut se permettre d’être désuni.
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 • Ce qu’il promet. Thierry Lepaon n’a pas encore dévoilé sa feuille de route mais celle-ci comportera forcément un impératif : réformer la direction du syndicat pour éviter de nouvelles luttes intestines. Pour le reste, il s’attachera à prolonger l’action de Bernard Thibault, c’est-à-dire poursuivre  la modernisation de la CGT et de sa prise de distance vis-à-vis du PCF. "Il n'y aura pas de rupture entre ce qu'il a fait et ce que je ferai", a-t-il déjà prévenu.

La prochaine étape qui l’attend. S'il est adoubé par la direction, Thierry Lepaon devra ensuite être élu les 6 et 7 novembre par le "Parlement" de la CGT, le Comité confédéral national. Cette instance, qui regroupe les patrons des Fédérations et des unions départementales, avait infligé un camouflet en mai à Bernard Thibault en rejetant la candidature de Nadine Prigent, sa protégée.