Le dossier sur la gestion défaillante de Science s Po transmis au Parquet

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www.boursier.com , modifié à
Après la remise du rapport de la Cour des comptes...

La Cour des comptes surveille de près Sciences Po. A l'occasion de la remise de son rapport sur la gestion financière de l'institution entre 2005 et 2009, les Sages de la rue Cambon ont annoncé leur décision "de saisir la Cour de discipline budgétaire et financière, juridiction financière répressive, des irrégularités les plus importantes". Le dossier a par ailleurs été transmis au paquet général. Les défaillances relevées par la Cour des comptes résultent non seulement d'un manque de vigilance de la part des instances dirigeantes de l'école, mais également de l'insuffisant suivi réalisé par l'Etat, pourtant principal financeur. Suite à la remise de ce rapport, le ministère de l'Enseignement supérieur à d'ailleurs décidé de reprendre les choses en main, annonçant son intention de nommer dans les prochains jours un nouvel administrateur provisoire. La nomination d'Hervé Crès à la direction de l'établissement pour succéder à Richard Descoings, décédé au printemps dernier, n'est donc pas confirmée par l'Etat... La gestion des enseignants-chercheurs et leurs rémunérations Parmi les grandes irrégularités, la Cour cite la gestion du service des enseignants-chercheurs ainsi que les conditions d'attribution de logements de fonction à leur égard. Au cours de l'instruction, l'école a souligné que "les attributions de logement ont toujours été exceptionnelles, pour pallier des difficultés passagères". Or, la Cour des comptes note qu'entre 2005 et 2010, quatre appartements ont été mis à la disposition de trois enseignants-chercheurs et d'un cadre dirigeant pour une durée comprise entre deux et six ans". Concernant leur rémunération, la Cour observe une totale déconnexion avec celle de la fonction publique (+18,1% entre 2004-2009 contre +13,2%). Elle pointe du doigt l'opacité du système de primes versées. "Sciences Po a tendance à pratiquer un alignement par le haut des rémunérations, notamment celles des professeurs d'université, en recourant à des contrats de droit privé complémentaires, auxquels s'ajoutent des primes et de fréquentes décharges d'enseignement", souligne-t-elle. La rémunération exorbitante des cadres dirigeants... Il n'y a pas que la rémunération des enseignants qui manque de lisibilité... Celle de l'administrateur-directeur de l'établissement est passée de 315.311 euros bruts en 2005 à 537.247 euros en 2010, soit une augmentation de 70%. Elle a été ramenée à 505.806 euros en 2011. "Ce niveau de rémunération est hors de proportion avec celui que perçoivent en France les dirigeants d'établissements publics d'enseignement supérieur", s'alarme la Cour des Comptes. Des coûts élevés Si l'institution s'est nettement développée entre 2005 et 2010, c'est au prix d'importantes dépenses, financées par l'Etat ainsi que par les frais d'inscriptions. Le rapport note ainsi qu'en 2010, le coût moyen d'un étudiant à Sciences Po s'élève à 15.143 euros, soit près de deux fois celui d'un étudiant universitaire. Pour financer ces coûts, l'école a augmenté ses frais d'inscription, devenue sa principale ressource financière. Ils sont passés de 9,9 millions d'euros en 2005 à 27,9 millions d'euros en 2010, soit 21% des ressources totales de la fondation nationale des Sciences politiques. Pour mettre fin à ces dysfonctionnements, la Cour a formulé 19 recommandations visant en particulier à rendre le système de gestion transparent.