Le démantèlement de Dexia est lancé

Les administrateurs de l'ancien numéro un mondial du financement des collectivités locales ont approuvé le plan proposé par les gouvernements français, belges et luxembourgeois
Les administrateurs de l'ancien numéro un mondial du financement des collectivités locales ont approuvé le plan proposé par les gouvernements français, belges et luxembourgeois © Reuters
  • Copié
Frédéric Frangeul avec Martial You et agences , modifié à
La banque a validé lundi la solution prônée par les gouvernements français, belge et luxembourgeois.

C'est la première victime européenne de taille de la crise de la dette en zone euro. La Belgique, la France et le Luxembourg ont donné lundi matin le coup d'envoi au plan de démantèlement de la banque franco-belge Dexia, au terme d'une journée et d'une nuit de négociations marathon.

Ce démantèlement sous la pression des marchés est "un cas particulier", a assuré lundi le ministre de l'Economie et des Finances François Baroin, en excluant que d'autres banques françaises puissent connaître le même sort.

Dexia va être coupée en trois

A l'issue d'un conseil d'administration de près de douze heures, les administrateurs de l'ancien numéro un mondial du financement des collectivités locales ont approuvé la nationalisation par la Belgique des activités belges de Dexia, Dexia Banque Belgique (DBB), spécialisée dans les activités de banque de détail. La Belgique va pour ce faire débourser quatre milliards d'euros.

De son côté, la France va adosser les activités de financement des collectivités locales françaises de Dexia Municipal Agency (DexMA), structure française de titrisation appartenant à Dexia Crédit Local, à la Caisse des dépôts (CDC). Un consortium chargé du financement des collectivités locales françaises sera également créé et constitué par la CDC et la Banque postale.

Quant à la branche luxembourgeoise de la banque, Dexia BIL, présente dans la banque de détail et la gestion d'actifs, elle va être rachetée par un groupe d'investisseurs liés à la famille royale du Qatar.

Une "bad bank" va être mise sur pied

Les trois gouvernements parties prenantes à l'avenir de la banque Dexia "seront particulièrement attentifs à ce que les droits et les intérêts des employés du groupe et de ses filiales soient préservés", a indiqué Matignon dans un communiqué publié lundi. Le groupe Dexia comptait environ 35.200 employés fin juin.

Les Etats se sont mis d'accord sur la répartition des garanties à apporter à la future "bad bank" qui subsistera à l'issue du démantèlement, soit la structure de défaisance pour isoler les actifs les plus à risque qui plombent aujourd'hui le bilan de l'établissement.

"Les Etats sont convenus de se répartir cette garantie dans des proportions identiques à celles de 2008, soit 60,5% pour la Belgique, 36,5% pour la France et 3% pour le Luxembourg", a indiqué le cabinet de Didier Reynders, le ministre des finances belge, dans un communiqué. Ces garanties publiques se montent à 90 milliards d'euros.

Un plan détaillé dans les semaines à venir

 L'administrateur délégué Pierre Mariani a été mandaté par le Conseil d’administration de Dexia pour entrer en négociations exclusives avec la Caisse des dépôts et la Banque Postale en vue de la reprise de ses activités de financement des collectivités en France. Le conseil a demandé à la direction de la banque franco-belge de lui soumettre un plan détaillé "dans les semaines à venir".

Les négociations autour de Dexia se sont accélérées au cours des dernières 48 heures, les responsables politiques voulant à tout prix une réponse sur la table avant l'ouverture des Bourses européennes. Le titre Dexia, qui devait reprendre sa cotation lundi, est cependant toujours suspendu à la Bourse de Paris et Bruxelles.

Les salariés dans l'incertitude

Quelques heures après l'officialisation de l'accord, Jean-Luc Dehaene a démissionné de ses fonctions de président du Conseil d'administration de Dexia. "Il nous fallait deux ans de plus pour pouvoir amener (la banque) à une situation normale", a-t-il estimé lors d'une conférence de presse.

Du côté des salariés, c'est l'incertitude qui domine. "Pour l'instant, comme on ne sait pas à quelle sauce on va être manger, on attend", témoigne Sabine, une salariée de la Défense au micro d'Europe1. "Il faut attendre, prendre du recul et rebondir", conclut-elle.