Le boom du marché du stress au travail

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Karine Lambin , modifié à
Les entreprises ont de plus en plus recours à des experts. Ce marché attire les convoitises.

Stress, souffrance, suicide. Les risques du travail ne sont plus cantonnés aux accidents et aux troubles musculo-squelettiques (TMS). Les entreprises sont de plus en plus confrontées aux risques psychosociaux. Démunies devant ces nouveaux dangers, elles font souvent appel à des cabinets d'expertise pour régler ces problèmes. Par exemple, suite à la vague de suicides à France Télécom, les syndicats ont demandé à la direction un audit pour en cerner les raisons. C'est la société Technologia qui a emporté le marché et qui a commencé par diffuser un questionnaire aux salariés du groupe.

Les risques psychosociaux sont de plus en plus pris en compte depuis le milieu des années 1990. La médiatisation des vagues de suicide et les alertes de la médicine du travail et des syndicats ont accéléré la prise de conscience des entreprises. D'autant que certaines commencent à s'apercevoir que le mal-être de leurs salariés à un coût et peut nuire à leur image. Pour les autres, les condamnations par les tribunaux et les incitations des pouvoirs publics les ont forcés à sauter le pas.

Un plan d'urgence

En octobre, le ministre du Travail, Xavier Darcos, lançait un "plan d'urgence contre le stress au travail". Il incite les entreprises de plus de 1.000 salariés à entamer des négociations sur le stress avant le 1er février. S'il ne les oblige pas à faire appel à des cabinets extérieurs, certaines sociétés ont fait ce choix. Si bien que la demande a explosé ces derniers mois. Patrick Légeron du cabinet Stimulus "a du mal à y faire face". "On engage à tour de bras des consultants", explique-t-il.

Des dérives

Si certains de ces cabinets ont pignon sur rue et sont reconnus, d'autres arrivent sur ce marché alléchant sans être forcément compétents. "On voit apparaître des cabinets de toute nature", reconnaît Hervé Lanouzières de la Direction général du travail. Si le ministère distribue des agréments à certains pour des cadres très précis ; l'essentiel du marché des risques psychosociaux n'est pas régulé. Des dérives commencent donc à apparaître : certains cabinets proposent des solutions inefficaces et s'attaquent aux conséquences du stress sans en rechercher les causes dans l'organisation du travail. Plus grave, ce terrain est propice pour les sectes qui commencent à pointer le bout de leur nez.

La direction générale du travail observe avec attention l'arrivée de nouveaux venus et est en train de revoir les processus d'agrément. L'INRS va bientôt sortir une plaquette à destination des entreprises pour les aider à choisir un cabinet d'expertise. Sur le marché, les grands cabinets continuent à se livrer une guerre sans merci pour emporter les plus gros marchés. Et les nouveaux arrivant font tout pour séduire les entreprises et les syndicats afin de se faire, eux aussi, une place au soleil.