La saga des Conti continue

Le quartier général des anciens salariés de Continental, licenciés après leur fermeture de leur usine en 2010, dans l'Oise.
Le quartier général des anciens salariés de Continental, licenciés après leur fermeture de leur usine en 2010, dans l'Oise. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
520 ex-salariés de l’usine de Clairoix contestent leur licenciement devant les prud'hommes.

Ils avaient fait la Une de l'actualité lors de l’annonce de la fermeture de leur usine en 2009. 520 anciens salariés de l'usine Continental de Clairoix, soit près de la moitié des effectifs de l’usine, se sont retrouvés mardi à Compiègne pour un procès aux prud'hommes face à leur ex-employeur. Ils réclament des dommages et intérêts pour licenciement non justifié selon eux. L'audience doit durer trois jours.

Par son ampleur et sa durée, "c'est un procès jamais vu en France à ma connaissance", a commenté le conseiller prud'homal Hervé Grosjean peu avant d'ouvrir l'audience. "Psychologiquement, ça va faire du bien aux ouvriers de Conti", a estimé le leader syndical Xavier Mathieu, en rappelant qu'à la fin de l'année, "ils vont tous se retrouver à Pôle emploi, ça sera la fin de leur congé de reconversion".

Depuis la fermeture de l'usine, les salariés ont bénéficié d'un congé mobilité de 24 mois avec 65% de leur salaire pour pouvoir rechercher un nouvel emploi et d'une prime de 50.000 euros en plus de leurs indemnités de licenciement, a indiqué Continental.

Les salariés contestent le motif économique de leur licenciement

Les salariés comptent démontrer lors de l’audience que le groupe Continental AG, la maison mère allemande, "est le véritable employeur et menait la barque", estime Me Dufresne-Castets, l'un des avocats des "Conti". "Or ce groupe n'a pas eu de problème économique" dans les pneus de tourisme et pour camionnettes, dans lesquels l'usine de Clairoix était spécialisée, ajoute-t-elle. "Il n'y a donc pas eu de motif économique à leur licenciement", selon elle

Par ailleurs, assure l'avocate, "Continental n'a pas respecté ses engagements en matière d'emploi, notamment ses obligations de reclassement" des salariés, qui affirment que l'équipementier automobile a promis de trouver un nouvel emploi pour 80% d'entre eux, ce qu'a toujours contesté la direction.

Continental plaide une fermeture "inéluctable"

De son côté, Continental a plaidé dans un communiqué que la fermeture de l'usine de Clairoix était "inéluctable face à la crise européenne de l'automobile" en 2008 et 2009. Une crise qui s'est traduite par une surcapacité de production de 20,9 millions de pneus fin 2009.
 
 Le site de Clairoix avait fini par fermer début 2010 après un conflit social de plusieurs mois au printemps 2009, durant lequel la sous-préfecture de Compiègne avait notamment été saccagée par des salariés en colère.