La coquille Saint-Jacques sème la zizanie

Français et Britanniques partagent les même zones de pêche de coquilles Saint-jacques.
Français et Britanniques partagent les même zones de pêche de coquilles Saint-jacques. © PHOTOPQR/OUEST FRANCE/Joël Le Gall
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Thomas Morel, avec agences , modifié à
Les flottes de pêche française et britannique se battent pour la récolte du coquillage.

C’est une véritable scène de bataille navale qui s’est déroulée cette semaine en baie de Seine, au large de la Normandie. Lundi matin, une quarantaine de navires de pêche français ont encerclé cinq bateaux britanniques qui ramassaient des coquilles Saint-Jacques. Après avoir -selon les Anglais- tenté d’entrer en collision avec les navires de leurs concurrents, les Français leur ont jeté tout ce qu’ils trouvaient pour les faire fuir : pierres, briques, etc. Inquiets pour la sécurité de leur flotte, les agressés ont dû appeler à l’aide la Marine nationale qui est intervenue pour faire fuir les agresseurs.

Une pêche beaucoup plus réglementée en France

La cause de cet affrontement ? La pêche à la Saint-Jacques, bien plus réglementée en France qu’au Royaume-Uni. Les navires immatriculés de ce côté de la Manche doivent en effet respecter une interdiction de ramasser ces coquillages entre le 15 mai et le premier octobre, afin de laisser aux populations le soin de se reproduire, tandis que leurs concurrents ne sont pas soumis à une telle restriction.

Sans parler des quotas, en baisse chez les Français à 3.500 tonnes cette année contre 4.500 l’an dernier, que les Anglais ne sont pas non plus tenus de respecter. "La réglementation française est plus vertueuse. Les Français sont soumis à davantage de contrôles et à des quotas", explique Paul Françoise, président de la commission coquillages du comité national des pêches.

Les meilleures zones, le long des côtes françaises

La liberté dont bénéficient les pêcheurs britanniques irrite profondément les Français. Des différences de traitement qui ne poseraient pas vraiment de souci si tout le monde ne pêchait pas au même endroit. Seulement voilà, dans la Manche, les deux flottes maritimes ont le droit de ramasser des coquillages où elles le veulent. Et les zones où l’on en trouve le plus se trouvent justement le long des côtes françaises. Pour les locaux, il est difficile d’accepter de rester au port trois mois et demi par an, pendant que les Saint-Jacques sont ramassées par d’autres. "C’est du vol", explique ainsi un pêcheur français interrogé par la BBC. "Nous travaillons intelligemment pour préserver les ressources. Nous les laissons grandir l’été, puis d’autres viennent et en profitent à notre place".

Les Britanniques veulent le soutien de leur marine

Un argument douteux, à en croire la Marine Management Organisation (MMO), responsable de la flotte de pêche outre-Manche. "Il se passe la même chose dans les eaux du Royaume-Uni. Il y peut y avoir des restrictions touchant certaines zones, où les navires britanniques n’ont pas le droit de pénétrer alors que les navires Français sont autorisés", avance le MMO. Quoi qu’il en soit, l’agression de cette semaine pousse certains pêcheurs anglais à demander la protection de la Royal Navy afin de prévenir de nouveaux incidents. "Si la situation s’était produite dans les eaux britanniques, cela aurait entraîné une réponse de la Royal Navy", avertit la MMO.