L'hôtel particulier

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Hors de portée financière du commun des mortels, l’hôtel particulier a toujours fasciné le bourgeois en mal de reconnaissance nobiliaire. Ce qui put le conduire hier et aujourd’hui, à requalifier abusivement son honnête maison de ville.

Hors de portée financière du commun des mortels, l’hôtel particulier a toujours fasciné le bourgeois en mal de reconnaissance nobiliaire. Ce qui put le conduire hier et aujourd’hui, à requalifier abusivement son honnête maison de ville.

 

 

 

 

 

Hélas, et vous l’aurez compris, l’affaire se montre bien moins simple qu’il n’y paraît, sans compter que ce genre d’abus de langage risquerait de mystifier l’acheteur candide en quête d’honorabilité immobilière.

 

Dérivé du latin hospitale, cette pièce destinée aux hôtes de la maison romaine, l’hostel a perdu son « s » en faveur d’un accent circonflexe en 1740, à l’image de nombreux mots de la langue française. Un « s » qu’on ne prononçait d’ailleurs plus depuis la fin du XIIe siècle.

 

 

 

 

Une demeure royale.

 

Au début du deuxième millénaire, l’ostel (qui gagnera son « h » quelque quatre cents ans plus tard) désignait un campement militaire voire le lieu d’hébergement des gens de passage, car l’hôtel est l’endroit où l’on reçoit… ses hôtes, logique sémantique irréfragable s’il en est.

 

Deux siècles plus tard, l’hôtel est devenu La Maison du roi (là où il habitait), puis, par glissement bien compréhensible, la maison d’un prince ou d’un seigneur. Alors, quelle différence avec un château, me direz-vous ? Tout simplement que ce dernier bénéficiait de droits féodaux ce qui n’était pas le cas de nos demeures seigneuriales. De toute façon, la question ne se posa guère avant le XIIe siècle, les seigneurs habitant rarement en ville.

 

Le dictionnaire critique de la langue française de 1787 écartait, à cet égard, toute équivoque en décrétant que le vocable « hôtel » était réservé aux princes et grands seigneurs tandis que « maison » suffisait aux habitations bourgeoises.

 

 

 

Des édifices publics.

 

Concomitamment, on utilisa le même terme pour certains grands édifices publics comme les hôtels des monnaies, des ventes, des Affaires Etrangères, etc. De la même façon, et ce, dès le XIIIe siècle, l’hôtel désigna le bâtiment où les moines accueillaient les indigents qu’ils soignaient, une appellation qui fut notamment reprise pour les Hôtels Dieu (à Paris mais aussi en province), ces asiles transformés en hôpitaux et administrés par l’Eglise, réservés aux plus démunis, ou pour l’Hôtel des Invalides, le centre de soins fondé par Louis XIV à l’intention des soldats de son armée royale.

 

 

 

Hôtels et auberges.

 

Si, à l’époque gallo-romaine, les voyageurs profitaient du gîte et du couvert dans des hôtelleries habilement placées à la fin supposée d’une journée de voyage, c’était grâce à l’empire romain qui les avait établies pour servir d’étapes à la soldatesque. Un système de relais qui disparut lors de l’invasion des Barbares germains. Qui n’avaient que faire de ces auberges, leur hospitalité coutumière leur imposant de recevoir chez eux les gens de passage, même inconnus.

 

Ne survécurent donc que quelques hôtels, ici et là, qu’on appelait également « maisons garnies », qui déclinèrent rapidement par manque de surveillance, pour se muer le plus souvent en repaires de bandits de grands chemins, de débauchés et de filles perdues, prémices de nos hôtels de passe et de passage…

 

 

 

 

La maison de ville.

 

Initialement, la maison de ville, c’est l’endroit où se traitent les affaires de la cité, qu’on appellera également hôtel de ville avant que la Révolution ne le transforme en mairie. A ne pas confondre donc, avec la maison en ville propre aux habitants du bourg… Des maisons en bois, jusqu’au XIe siècle environ, ce qui permettait de les construire aisément en hauteur. Une maison de ville qui se montrait généralement mitoyenne avec au moins une des maisons voisines et se situait, et se situe toujours, directement sur la voie. Des bâtiments dont il ne reste rien aujourd’hui évidemment et il faudra attendre l’usage de la maçonnerie en dur pour que ces constructions traversent les siècles.

 

 

 

Une maison particulière.

 

Alors, comment en est-on arrivé à l’hôtel particulier ? Comme nous l’avons vu précédemment, l’hôtel appartenait à un seigneur, à une famille puis, à de très riches bourgeois. Finalement, au début du XXe, l’hôtel ne désignait plus qu’une grande maison, demeure d’un particulier fortuné puis, par extension, tout simplement une (bonne) maison où n’habitait qu’une seule famille ! On disait alors, nous sommes en 1930, un « petit hôtel » ou un « hôtel particulier ».

 

Des hôtels particuliers qui partagent des caractères singuliers : généralement demeures historiques, le plus souvent construits entre le XIVe et le XIXe siècles, enfin pour ceux qui restent aujourd’hui (environ cinq cents à Paris, Haussmann en ayant rasé quelques-uns au passage), de très belles bâtisses donc, donnant rarement sur la voie car précédées d’un mur d’enceinte avec porte cochère ou porche, puis d’une cour donnant accès à l’habitation qui offre de magnifiques volumes avec des pièces de réception au rez-de-chaussée, un grand escalier, et surtout un jardin discret qui échappe à la vue des badauds.