GM : le site de Strasbourg menacé

© Thierry Suzan/MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Faute de projets durables, General Motors pourrait se séparer de ses 1.000 salariés.  

Moins de deux ans après l'avoir racheté pour un euro symbolique, General Motors envisage de vendre son site de Strasbourg, qui fabrique des boîtes de vitesses et emploie environ 1.000 personnes, faute de nouveau projet susceptible d'en assurer la pérennité.

"GM a du travail pour nous jusqu'en 2014"

Passé en 2008 sous la coupe de Motors Liquidation Company (MLC) -la structure chargée de liquider les actifs de GMC après son dépôt de bilan-, GM Strasbourg avait été racheté en septembre 2010 par son ancienne maison mère pour un euro symbolique.

Le constructeur américain s'était engagé, en contrepartie de sacrifices consentis par les salariés, à assurer à l'usine un carnet de commandes jusqu'en 2014 et à lancer de nouveaux produits pour pérenniser l'activité au-delà. Mais cette recherche de nouvelles activités n'a pour l'instant pas porté ses fruits, ainsi que l'a fait savoir mercredi la direction de GM Strasbourg aux représentants syndicaux lors d'un comité d'entreprise extraordinaire.

"GM a du travail pour nous jusqu'en 2014, mais, pour ce qui est d'un nouveau projet, ils n'ont rien trouvé", a expliqué Jean-Marc Ruhland, délégué syndical CFDT (majoritaire). Selon lui, un accord commercial conclu entre GM Strasbourg et le constructeur BMW est en passe de se terminer, BMW privilégiant désormais les boîtes automatiques à huit ou neuf vitesses.

300 millions investis au Brésil

GMC avait annoncé en février avoir investi plus de 300 millions d'euros dans la construction d'une nouvelle usine de boîtes de vitesses au Brésil, a-t-il rappelé.

L'annonce du projet de GMC de vendre son usine strasbourgeoise a suscité l'inquiétude et la colère des salariés, d'autant que le site a enregistré un bénéfice net de 30 millions d'euros en 2010 et de 40 millions d'euros en 2011, selon Jean-Marc Ruhland. "Ils ont pressuré les salariés, les ont contraints à accepter des sacrifices. C'est nous qui avons sué pour faire les bénéfices de Strasbourg", a protesté Roland Robert, délégué syndical CGT.

700 millions de pertes en Europe en 2011

Les salariés avaient accepté, dans le cadre du rachat de leur usine, un gel des salaires sur deux ans, l'absence d'intéressement jusqu'en 2013 et la perte de sept jours de RTT, a souligné le syndicaliste. La CFDT a demandé mercredi la mise en place d'un fonds de garantie destiné à pallier la défaillance d'un éventuel repreneur. Son montant devrait avoisiner 200 millions d'euros, selon le syndicaliste.

General Motors a perdu en Europe 700 millions de dollars en 2011 et 250 millions au premier trimestre 2012. Son PDG Dan Akerson avait affirmé en février qu'il faudrait réduire les capacités du groupe sur le vieux continent.