France Télécom : le rapport qui accable

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Thomas Morel , modifié à
Une note de 2006 révélée mardi témoigne de la violence sociale au sein de l'entreprise à l'époque.

L'info. Alors que l'enquête chargée de faire la lumière sur les suicides chez France Télécom touche à sa fin, un document révélé par le Parisien vient de surgir qui accable l'ex-PDG du groupe, Didier Lombard, mis en examen pour harcèlement moral en juillet 2012. Entre 2008 et 2010, une soixantaine de personnes s'étaient données la mort. Pour les syndicats, la cause en était évidente : les plans d'économies successifs avaient pour objectif de mettre la pression sur les salariés pour les pousser à quitter l'entreprise.

Une thèse qu'a toujours niée Didier Lombard, mais qui ressurgit à la faveur d'un compte-rendu de réunion datant de 2006, récemment déterré par les enquêteurs. Dans ce document, l'ex-patron de France Télécom évoque clairement des objectifs de départs "incités". "Il faut qu'on sorte de la position 'mère poule'", explique-t-il. "Ce sera un peu plus dirigiste que par le passé. C'est notre seule chance de faire les 22.000 (suppressions de postes, ndlr)".

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Les départs "par la fenêtre ou par la porte". Didier Lombard s'est pourtant toujours défendu d'avoir voulu pousser ses salariés à quitter le navire. A l'époque, il justifiait ses plans d'économies en parlant de "créer de la valeur pour rembourser les dettes, maintenir l'emploi et préparer France Télécom à devenir un acteur majeur de l'Internet". Mais à la lecture de ce nouveau document, la réalité semble beaucoup plus dure : "je ferai les départs d'une façon ou d'une autre, par la fenêtre ou par la porte", y affirme l'ex-PDG du groupe.

57 suicides en trois ans. De quoi verser de l'eau au moulin des syndicats. En 2010, ce sont eux qui ont porté plainte, accusant la direction d'être responsable de cette vague de suicide qui avait fait 57 victimes. Un avis auquel s'étaient alors rangés l'inspection du travail et un cabinet d'étude dont le rapport avait servi de support aux syndicats pour porter l'affaire devant les tribunaux.

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Une plainte aggravée. Les nouvelles révélations du Parisien pourraient pousser les plaignants à demander que le hacèlement moral soit aggravé en "mise en danger de la vie d'autrui". "Dès le départ, il y a eu une volonté délibérée de mettre en place un système porteur de risque social. On est au-delà du harcèlement moral", martèle Me Frédéric Benoist, l'avocat du syndicat CFE-CGC, au quotidien.