Et si le chômage grimpait encore en 2014...

L'Unédic, chargé de la gestion de l'Assurance chômage, a annoncé jeudi s'attendre à une poursuite de la hausse du nombre de chômeurs en 2013 et en 2014 --à contre-courant de l'objectif de François Hollande--, et une aggravation du déficit de l'Assurance chômage.
L'Unédic, chargé de la gestion de l'Assurance chômage, a annoncé jeudi s'attendre à une poursuite de la hausse du nombre de chômeurs en 2013 et en 2014 --à contre-courant de l'objectif de François Hollande--, et une aggravation du déficit de l'Assurance chômage. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
C'est ce que prédit l'UNEDIC, qui se base sur une croissance moindre que celle de l'exécutif.

De sombres chiffres... Contrairement à ce que promet inlassablement le gouvernement, la courbe annuelle du chômage ne s'inversera pas en 2013, loin de là. C'est en tout cas ce qu'a soutenu jeudi l'Unedic. Le gestionnaire de l'assurance chômage a même livré vendredi une bien sombre prévision : le chômage continuera de grimper durant tout 2013… et 2014.

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… Mais quelques données encourageantes. L'organisme paritaire estime que la hausse d'inscrits en catégorie A (sans aucune activité) se poursuivrait certes, "mais à un rythme moindre", pour atteindre 3,3 millions de personnes en décembre 2013, soit 178.700 inscrits de plus au cours de l'année 2013. L'Unédic entrevoit également un ralentissement sensible : alors que l'on comptait 99.200 inscrits supplémentaires au 1er trimestre de cette année, ils ne seraient plus que 4.900 au 4e trimestre. Cette décélération "conforte l'analyse du gouvernement et son objectif d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin 2013 et au-delà", a d'ailleurs réagi le ministre du Travail Michel Sapin interrogé par l'AFP.

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Divergences de vue pour 2014. En 2014, la hausse continuerait selon l'Unédic, avec 128.700 inscrits de plus. Mais pour Michel Sapin, une "inversion durable" de la courbe du chômage est à "portée" car l'Unédic se fonde "sur une hypothèse de croissance inférieure à celle du gouvernement (+0,7% contre +1,2%) et ne prend pas en compte tous les effets des politiques et réformes". Ces nouvelles prévisions "intègrent pourtant l'impact du CICE (crédit impôt compétitivité, ndlr), qui commencerait à créer des emplois au second semestre 2013" et la mise en œuvre des emplois d'avenir, a rétorqué Vincent Destival, directeur général de l'Unédic.

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Qui dit vrai sur la croissance ? C'est le nœud gordien de la création d'emploi. Pour inverser la courbe du chômage, gouvernement et prévisionnistes s'accordent à dire qu'il faut au moins 1% de croissance. Si le gouvernement tient ses objectifs (1,2% en 2014), il a donc ses chances de relancer le marché de l'emploi. Mais les économistes tablent, en moyenne, sur des prévisions à mi-chemin entre celle de l'Unedic (0,7%) et du gouvernement. Le FMI, par exemple, estime que la France ne dépassera pas les +0,9% en 2014. Le Haut Conseil des finances publiques françaises a également prédit récemment que la croissance serait "sensiblement inférieure" à 1,2% en 2014.

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Une négociation qui s'annonce compliquée. Ces prévisions mettent en difficulté le processus de négociations piloté par les partenaires sociaux, qui doivent remettre à plat les règles d'indemnisation du chômage cet automne lors d'une négociation qui s'annonce compliquée. "Il va falloir prendre des mesures pour que la trajectoire nous ramène à l'équilibre financier d'ici 2017", a prévenu Jean-François Pilliard (Medef). L'Unédic devra renflouer ses caisses tout en accordant aux chômeurs les "droits rechargeables" leur permettant de conserver les droits acquis quand ils retrouvent un emploi, comme le prévoit la nouvelle loi sur la sécurisation de l'emploi.