Education : les créations de postes ne résoudront pas les difficultés, dit la Cour des comptes

  • Copié
www.boursier.com , modifié à
Les outils de répartition des professeurs sont totalement dépassés...

Les 60.000 créations de postes dans l'Education nationale sur l'ensemble du quinquennat promises par François Hollande ne permettront pas de résoudre les dysfonctionnements. "C'est l'utilisation des moyens existants qui pose problème", prévient la Cour des comptes dans un rapport publié mercredi. Les Sages de la rue Cambon appellent à revoir les règles de gestion des enseignants. Une gestion globale dépassée Dans ce document de plus de 200 pages, la Cour pointe du doigt la mauvaise répartition des professeurs sur le territoire, en raison d'outils mal calibrés. Pour répondre à l'urgence de certaines situations, le ministère de l'Education a crée les "zones d'éducation prioritaire", rappellent les auteurs. Or, "leur logique ne repose pas sur la mesure des besoins individuels réels des élèves", mais "est fonction de l'appartenance à une zone urbaine ou rural, du taux de bénéficiaires des minimas sociaux ou du pourcentage de chômeurs". Cette politique conduit à une répartition difficilement compréhensible des enseignants : Créteil qui concentre le plus de difficultés scolaires "reçoit un nombre de postes par élève plus faible que les académies de Rouen et de Reims dont les difficultés sociales sont jugées supérieures par le ministère", détaillent les Sages. Les auteurs critiquent également le système d'affectation via un barème de points qui ne prend pas en compte les besoins des élèves ou les compétences des enseignants mais qui repose sur des critères automatiques tels que la situation de handicap, le rapprochement familial ou encore l'ancienneté. Ce dernier déterminant conduit la plupart des jeunes enseignants à être affectés dans les établissements les plus difficiles, où le "turn-over" des profs est particulièrement important. Or, ce sont justement ceux-là qui devraient être dotés d'équipes pédagogiques stables, souligne le rapport. Des enseignants sous-payés ? Depuis 2010, les enseignants sont recrutés au niveau Master et appartiennent aux catégories les plus élevées de la fonction publique (A et A+). "Dans ce contexte, leur rémunération apparaît faible à plusieurs égards", estiment les Sages. Citant des travaux de l'INSEE, ils notent que le traitement annuel moyen des enseignants est inférieur de 35% à celui d'un cadre non enseignant de la fonction publique, "essentiellement en raison d'un niveau de primes plus faible", la différence de temps de travail n'expliquant pas totalement cet écart. Les enseignants français sont aussi moins payés que leurs homologues européens et des autres pays de l'OCDE, leur salaire étant inférieur de 15 à 20% à la moyenne. Sur ce point, le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon a  estimé "souhaitable" de mettre en place des mesures incitatives en matière de rémunération et de carrière, suivant les recommandations de la Cour.