Dexia avance vers la scission

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Les activités de prêts aux collectivités de la banque franco-belge seront "rapatriées" en France.

Dexia sera-t-il le premier établissement européen victime de la crise de la dette ? La banque franco-belge, rattrapée par la crise trois ans après avoir échappé de peu à la faillite, semble aller tout droit vers un démantèlement. Le scénario catastrophe, qui suscite l'inquiétude des personnels, a affolé les investisseurs et fait plonger mardi l'action du groupe. Mercredi, François Baroin, ministre français de l'Economie, a indiqué que "la piste la plus sérieuse" était celle d'une reprise par la Caisse des dépôts et la Banque postale d'une partie des activités de prêts aux collectivités locales françaises. Une confirmation de la scission à venir de l'établissement.

Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, s'est voulu rassurant mercredi sur Europe 1 : "les collectivités territoriales ne doivent pas s'inquiéter". "Dexia n'a pas fait faillite. On est à la veille d'une restructuration", a-t-il assuré, expliquant que "les différentes parties de Dexia vont vivre chacune leur vie de leur côté" et que le crédit aux collectivités territoriales serait "rapatrié".

Un montage financier pour sauver Dexia

Mardi soir, le gouvernement belge, appelé à la rescousse, a pour sa part annoncé avoir approuvé la création d'une "bad bank", un montage financier pour sauver Dexia. "Il y a eu un accord (au sein du gouvernement belge) pour isoler les charges du passé, avec le cas échéant l'octroi de garanties des Etats belge et français afin de garantir l'activité de Dexia Banque Belgique", a déclaré le Premier ministre belge, Yves Leterme, à l'issue d'une réunion de ses principaux ministres.

Concrètement, l'objectif est d'isoler hors de son périmètre un portefeuille de 95 milliards d'euros d'actifs à risque dont le groupe cherche à se délester depuis des années et qui pèse sur les activités de la banque. "Il y aura bien sûr des cessions d'actifs à travers différents pays, mais notre volonté, c'est de consolider, renforcer, sécuriser, l'activité bancaire en Belgique, comme nos collègues français vont le faire en France", a précisé le ministre belge des Finances, Didier Reynders.

Impacts sociaux

A l'issue d'un conseil d'administration marathon de six heures, lundi soir à Bruxelles, la banque avait déjà ouvert la voie, dans un communiqué sibyllin, à de nouvelles cessions et alliances pour résoudre ses "problèmes structurels". Le conseil d'administration a mandaté l'administrateur délégué Pierre Mariani pour "préparer, en concertation avec les Etats et les autorités de contrôle, les mesures nécessaires pour résoudre (ces) problèmes". "On n'en est même pas au stade de savoir quels seront les impacts sociaux", a-t-il souligné, pointant l'absence de détails fournis par les dirigeants.

Malgré une restructuration à marche forcée depuis 2010 sous l'impulsion de la Commission européenne, la banque Dexia a été rattrapée par l'aggravation de la crise de la dette. L'importante réduction de son bilan et de ses besoins en liquidités à court terme n'ont pas suffi à rendre son équilibre à l'établissement, à la merci d'une fermeture des robinets du financement comme en 2008, quand seule l'intervention des Etats français, belge et luxembourgeois l'avait sauvé. Trop d'actifs, trop de prêts à long terme pour trop peu de dépôts, Dexia présente pour les marchés un profil trop risqué. Tour à tour, les agences de notation Fitch, la semaine dernière, puis Moody's lundi, avaient alerté sur les conséquences du tarissement de ses sources de refinancement.

Co-actionnaires de Dexia, les deux Etats français et belge sont tour à tout montés mardi au créneau pour afficher leur engagement à sauver une nouvelle fois le groupe des eaux en apportant "leur garantie aux financements" qu'il a levés. "Les Etats belge et français répondront présents comme en 2008", a assuré le ministre français des Finances, François Baroin, à Luxembourg.