Déficit : pour la droite, le compte n'y est pas

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Thomas Morel et Olivier Samain , modifié à
La droite annonce un déficit de 80 milliards au lieu des 61 prévus. Pour le gouvernement, c'est un "mensonge".

Le budget n'aura pas tenu six mois. Alors que le gouvernement espérait tenir son objectif d'un déficit de 61,5 milliards d'euros en 2013, des députés UMP et UDI de la commission des finances de l'Assemblée nationale tirent la sonnette d'alarme. Selon leurs prévisions, le trou devrait se creuser de 20 milliards d'euros de plus que prévu cette année. En cause, la crise économique, qui devrait entraîner une baisse des recettes de 15 milliards d'euros, et une hausse mal anticipée des dépenses de 5 milliards de plus. Pierre Moscovici, le ministre de l’Économie, parle lui de "mensonge".

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© MAX PPP

Des impôts qui rentrent moins. Le premier souci, estiment les députés, c'est que les recettes fiscales se sont effondrées depuis le début de l'année. A en croire Gilles Carrez, contacté par Europe 1, l’État a ainsi "perdu" environ 12 milliards d'euros d'impôts par rapport à ses prévisions, essentiellement à cause d'une chute de la collecte de TVA.  C'est avant tout l' "effet crise" qui se fait ressentir : comme les temps sont durs, les foyers français préfèrent limiter au maximum leurs dépenses. Et chaque euro qui n'est pas dépensé, c'est 20 centimes de TVA en moins dans les caisses du gouvernement.

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Le chômage pèse sur les cotisations. L’État n'est pas le seul à prendre l'eau : la Sécurité sociale connait également des difficultés. Selon les auteurs du document, les rentrées d'argent de la Sécu sont elles aussi en baisse, de quelques trois milliards d'euros. La raison ? Depuis le début de l'année, la France enregistre chaque mois environ 30.000 nouveaux demandeurs d'emploi. Et à chaque fois, cela fait des cotisations en moins et des indemnités à verser en plus.

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Des dépenses qui ne baissent pas. Dans le même temps, s'inquiètent les auteurs, les dépenses de l'Etat n'ont pas connu la stabilisation escomptée. La fin du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, notamment, coûterait 1,3 milliard d'euros par an. Le résultat, c'est qu'en dépit du "matelas" censé permettre de faire face aux imprévus, la machine publique devrait engloutir 5 milliards d'euros  de plus que prévu.

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L'ombre de Bruxelles. Le problème, c'est que la France a pris des engagements fermes auprès des instances européennes pour ramener cette année son déficit à 3,9 %. Or les prévisions des députés de l'opposition laissent envisager que celui-ci dépasserait allègrement les 4 % à la fin de l'année. Dans ces conditions, la Commission européenne pourrait bien exiger des garanties supplémentaires…

Excédée, la majorité réagit.  Invité mardi matin sur Europe 1, le socialiste Christian Eckert, rapporteur général de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale, a réfuté les prévisions alarmistes des députés de l'opposition. "Non, 20 milliards, c'est évidemment bien exagéré", a répondu Christian Eckert. "Il n'y a pas d'impasse budgétaire", a-t-il insisté. "Il y a un déficit budgétaire qui est annoncé aujourd'hui autour de 67-68 milliards et nous sommes au milieu de l'année, on ne va pas faire les comptes de l'année." "Là où il y un énorme mensonge de la part de la droite, c'est sur le fait que contrairement à eux nous tenons les dépenses", a pour sa part clairement affirmé Pierre Moscovici sur RTL. "La dépense de l'Etat a été maîtrisée en 2012 et elle sera maitrisée en 2013", a-t-il assuré, qualifiant ces députés de l'opposition de "singulièrement gonflés".

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a également tenu à rassurer mardi, promettant que les dépenses de l’État seraient bien diminuées. "Pour la première fois" depuis 1958, les dépenses de l'Etat "vont diminuer. (Elles) seront en diminution de 1,5 milliard d'euros", a-t-il indiqué à la presse depuis le perron de Matignon.