Déficit de la France : Bruxelles confirme le délai de deux ans mais…

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Noémi Marois avec AFP
FRANCE - Les ministres européens des Finances ont confirmé mardi à la France la limite de 2017 pour redresser ses finances publiques. Mais ce n'est pas sans contreparties.

Sans surprise, les ministres européens des Finances ont approuvé mardi la décision qu'avait déjà prise la Commission européenne. Alors qu'elle est passée non loin de se faire sanctionner par l'Eurozone en 2014, la France a donc bien jusqu'à 2017 pour rendre une bonne copie à Bruxelles, soit un déficit correspondant à moins de 3% de son PIB. Le ministre des Finances, Michel Sapin, s'est réjouit que les deux approches, française et européenne, "convergent". En vérité, la France va devoir se serrer la ceinture davantage que ce qu'elle avait prévu. Bruxelles, de plus, va continuer à la surveiller, comme le lait sur le feu. 

Trouver 3 à 4 milliards pour 2015. Pour cette année, le gouvernement français tablait sur 21 premiers milliards d'économies. Mais la très faible inflation a déjà fait disparaître une partie de cette somme, comme l'a révélé la Cour des Comptes en févirer. Certaines économies, comme le gel du point d'indice des fonctionnaires ou la baisse des prestations sociales, ont en effet été calculées sur une inflation à 1,5%. Or, cette dernière devrait être de 0% en 2015. 

Résultat, Bruxelles demande à la France de rectifier le tir en trouvant 3 à 4 milliards supplémentaires. Et Michel Sapin s'est voulu rassurant : "nous travaillons avec le Premier ministre, avec le président de la République" pour réaliser des économies supplémentaires afin de parvenir à l'objectif, a-t-il expliqué. Mais il n'a cependant fournit aucun détail sur les mesures envisagées.

Respecter un échéancier. La France aura bien jusqu'en 2017 pour ramener son déficit sous la barre des 3%. Mais Bruxelles ne lui laissera pas mener sa barque comme elle le veut. Elle lui fixe en effet des objectifs par année : ce sera 4% d'ici décembre (alors la France a finit 2004 avec 4,4%), 3,4% l'an prochain et enfin 2,8% dans deux ans. 

Le hic, c'est que ce n'est pas tout à fait ce qu'avait prévu la France : 4,1%, 3,6% et enfin, 3% en 2017. Les différences ne vous semblent pas énormes ? Certes, mais quand on parle des finances d'un Etat, un ou deux dixièmes valent leur pesant d'or. Et dans un tel cas, les 50 milliards d'euros que la France souhaite économiser d'ici 2017 ne suffiront pas selon la Commission.

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Économiser 30 autres milliards d'ici 2017 ? Par conséquent,  la Commission européenne a demandé à la France de faire 30 milliards d'euros d'économies supplémentaires d'ici 2017. Et c'est là où le bât blesse. La France, en effet, parie sur un retour de la croissance et avance donc que ces 50 milliards d'économies déjà envisagées suffiront. 

Le débat n'est donc pas clôs puisque la France ne souhaite pas pour l'instant trouver ces 30 milliards. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a estimé que cet effort supplémentaire demandé à la France "n'est pas raisonnable" et que "cela cassera la croissance".

Prochain rendez-vous en juin. Cette décision des ministres des Finances européens n'est pas un chèque en blanc donné à l'Hexagone. Michel Sapin a beau clamer qu'il va réformer la France, pas parce que l'Europe le veut, mais "parce c'est bon pour la France", il sait qu'il devra dès juin rendre des comptes à l'Union européenne. La Commission vérifiera alors si les mesures décidées sont bien suivies d'effet. Dans le cas contraire, elle pourra émettre une nouvelle recommandation, accompagnée de sanctions. 

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