Compétitivité française : la fin de l’hémorragie ?

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Noémi Marois avec AFP , modifié à
ECONOMIE - La France se classe 23e au classement du Forum économique mondial. Une stagnation après quatre années de chute.

La France figure à la 23e place au classement de compétitivité du Forum économique mondial (WTF), publié mercredi.  C’est le même rang que l’année dernière, une stagnation certes mais qui intervient après quatre années de chute. Pour cette étude, le WEF, connu pour sa coloration ultralibérale, a interrogé 15.000 chefs d’entreprise de 144 pays. Douze secteurs sont analysés (éducation et santé, institutions, innovation, marché des biens…) au travers d’une centaine d’indicateurs économiques.

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On se réjouit. Ou pas. Selon Oliver Samain, expert du service économie d'Europe 1, les natures pessimistes "retiendront que la France, 5ème puissance économique mondiale, devrait figurer dans le top 10 de ce classement et non pas être à la médiocre place de 23e". 

Mais après quatre années de rétrogradation, force est de dire que ce résultat est "bon signe pour la France. Et puis sur un total de 144 pays, l’Hexagone se classe dans le premier quart et peut donc être considéré comme un pays compétitif" analyse notre expert.

Comment s’explique la stagnation de la France ? La France a enrayé sa chute grâce à la situation de son marché de l’emploi, classement où elle passe de la 71e à la 61e place par rapport à l’année dernière. La raison ? L'introduction de plus de flexibilité dans le domaine du travail.

"L’accord du 11 janvier 2013, transcrit dans la loi de "sécurisation de l’emploi" du 14 juin 2013, simplifie la procédure des plans sociaux. Désormais, les entreprises en difficulté peuvent augmenter les temps de travail et/ou baisser les salaires si elle s’engage à maintenir l’emploi. Le CICE (crédit impôt compétitivité emploi) aussi a fait du bien. Ce crédit d’impôt est une bouffée d’oxygène pour les entreprises qui peuvent ainsi refaire leurs marges, augmenter les salaires ou embaucher", explique Olivier Samain.

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Nos forces : transport, innovation, éducation. La France se maintient grâce aussi à quelques très bons résultats. Elle se classe 8e pour la qualité de ses infrastructures, notamment son réseau ferré et routier. La culture des affaires est jugée "hautement professionnelle et sophistiquée" et il y a un haut degré de technologie. La France est en effet 4e au monde pour le nombre de connexions internet. Enfin, l’Hexagone est aussi bien noté pour son système éducatif, n’en déplaise à l’OCDE qui avec son classement PISA, ne glorifie pas particulièrement notre pays. Selon le WEF, L’ensemble de ces résultats "contribue à créer un écosystème relativement favorable à l’innovation".

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Là où la France est "mauvaise élève". Si la France n’atteint pas le top 10, c’est que sa situation fiscale es très mal classée : 82e place. Et là, la chute ne s’enraye pas. C’est une perte de neuf places par rapport à l’année dernière. "La faible réduction du déficit budgétaire s'est accompagnée d'une hausse de la dette publique et d'une dégradation de la qualité de crédit de l'Etat français", a souligné le WEF.

Concernant d’autres domaines, la France est carrément en queue de peloton : 129e sur la coopération patrons et employeurs, 134e sur les pratiques d’embauche et de licenciement.

La Suisse, bête de compétition. C’est la Suisse qui finit première du classement, pour la 6e année consécutive. Singapour, les Etats-Unis, la Finlande et l’Allemagne complètent le top 5.

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