Comment s'assurer que la France reste connectée ?

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TELECOM – Les quatre opérateurs français sont invités par le gouvernement à mieux se coordonner pour développer la fibre et la 4G.

Le monde des télécoms français a rendez-vous vendredi dans le bureau d’Emmanuel Macron. Les patrons d’Orange, SFR, Bouygues et Free Mobile doivent rencontrer vendredi le ministre de l’Economie pour parler investissements. Le gouvernement redoute en effet que les opérateurs télécoms réduisent leurs efforts au moment même où le 4G et la fibre optique se généralisent. L’objectif est donc de trouver des solutions pour mutualiser les coûts et éviter un vieillissement des réseaux.

L’objectif : un accès au très haut débit partout. Parce que les technologies et les usages évoluent rapidement, la France doit continuer à entretenir et faire évoluer ses réseaux de télécoms. C’est pourquoi plusieurs initiatives ont été prises : depuis un décret de décembre 2011, tout immeuble collectif neuf doit être relié à la fibre. De même, Etat, collectivités territoriales et secteur privé ont conclu un "plan France très haut débit", dont l’objectif est "une couverture intégrale du territoire en très haut débit d’ici 2022". De même, l’Arcep, le gendarme des télécoms, vérifie que les opérateurs télécoms respectent bien leurs engagements en terme de couverture 3G et 4G. Le réseau de téléphonie mobile 2G doit notamment couvrir toute le territoire français fin 2016, tandis que la 3G et 4G devront être disponible partout d’ici fin 2017.

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© JACQUES DEMARTHON/AFP

Mais des doutes sur les moyens pour y arriver. Ce renouvellement des infrastructures demande de lourds investissements, ce qui n’était jusqu’à récemment pas un problème pour les opérateurs, qui réalisaient de confortables marges. Sauf qu’un nouvel opérateur, Free Mobile, est arrivé début 2012 et a bouleversé la donne en cassant les prix. Bousculé dans leurs habitudes, les opérateurs ont commencé à s’adapter mais y réfléchissent à deux fois avant d’investir des milliards, une modernisation pourtant vitale pour leur activité à moyen et long termes.

L’Etat réunit tous les acteurs autour d’une table. Désormais, la question pour les opérateurs est la suivante : comment continuer à investir, notamment dans la fibre optique et la 4G, alors même que l’âge d’or des télécoms est révolu ? Le gouvernement a sa petite idée sur le sujet et a donc décidé de réunir vendredi tous les acteurs du secteur.

Le ministre de l’Economie souhaite que le rythme de la modernisation des réseaux ne ralentisse pas et doit donc demander à chaque opérateur quels sont ses investissements prévus. L’objectif est évidemment de vérifier que tout le monde joue le jeu : Orange, le plus gros des quatre opérateurs, a déjà mis sur la table il y a un mois 15 milliards d’euros sur trois ans. De son côté, Free a augmenté ses investissements ces dernières années pour mettre en place son réseau. Quand aux deux autres opérateurs, plus mal en point, ils ont décidé de s’allier pour mettre en commun une partie de leurs réseaux.

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© MIGUEL MEDINA / AFP

La méthode : dialoguer et mutualiser. Sur le papier, tout va bien sauf que cette dynamique est en train de s’essouffler : les investissements baissent depuis deux ans. Le gouvernement, et plus particulièrement Emmanuel Macron, surveille donc avec attention cette évolution. En ce qui concerne la fibre optique, deux cas de figures se présentent. Dans les zones les plus peuplées, aucune incitation n’est nécessaire puisque l’activité devient rentable : pour la première fois, il y a eu plus de nouveaux abonnés au très haut débit qu’à l’ADSL lors du quatrième trimestre 2014, selon Les Echos. C’est dans les zones moins peuplées que l’intervention de l’Etat devient nécessaire pour inciter les opérateurs à mutualiser leurs investissements, tout en proposant une participation financière des collectivités locales.

Une logique qu’on retrouve pour la 4G : l’Etat joue les arbitre pour que tous les opérateurs participent et se répartissent équitablement l’effort. Une stratégie qui semble avoir convaincu les opérateurs télécoms puisque Stéphane Richard, président d'Orange, s’est déclaré favorable à un accord national entre opérateurs pour couvrir les zones blanches, vendredi dans les colonnes des Echos. Mais des frictions de dernière minute restent toujours possibles, comme ne l’a pas caché Stéphane Richard lorsqu’il affirme qu’en cas de désaccord avec la concurrence, Orange "est prêt à prendre en charge ce nouveau programme de couverture seul s'il le faut". Le rôle de juge de paix qu’a endossé l’Etat ne sera pas de trop.

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