Chantage à l’emploi dans les cliniques privées

© FREDERICK FLORIN/AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
MENACE - La Fédération de l'hospitalisation privée redoute une baisse des tarifs imposée par l’Etat.

Les cliniques privées préviennent : elles menacent de ne plus embaucher si le gouvernement revoit à la baisse leurs tarifs. Décidé à contenir les dépenses de santé, le gouvernement souhaite en effet diminuer les tarifs des cliniques et estime que cette réforme aura un effet nul puisque ces dernières bénéficient par ailleurs du Pacte de responsabilité. Une compensation que contestent les établissements de santé privés.

>> LIRE AUSSI - Tourisme médical : une aubaine pour les hôpitaux français ?

Le gouvernement met la pression sur les prix. L'Assurance maladie verse à chaque établissement de santé une somme pour chaque acte médical réalisé. Face à la progression continue des dépenses de santé, le gouvernement a décidé d’utiliser ce levier pour faire des économies, d’autant que les cliniques privées sont régulièrement accusées de ne prendre en charge que les maladies et opérations les plus rentables et de se défausser sur les hôpitaux publics pour les autres patients.

L’Etat a donc imposé une baisse de tarifs des cliniques privées en 2013 (-0,21%), en 2014 (-0,24%) et le secteur privé craint qu’il récidive en 2015. D’autant que la guérilla juridique qu’il a entamé contre ces baisses, devant le Conseil d’Etat et l'Autorité de la concurrence, n’a pas porté ses fruits.

chirurgie opération hôpital 1280x640

© BORIS HORVAT / AFP

La crainte de perdre 140 millions d’allègements. A en croire la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), le gouvernement compterait récidiver en invoquant cette fois-ci un nouvel argument : le secteur privé bénéficie des allègements de charges prévus par le Pacte de responsabilité, alors que le secteur public en est privé bien qu’il prenne en charge les soins les plus compliqués et les patients les plus démunis. Une nouvelle baisse des tarifs permettrait alors de compenser cette inégalité de traitement.

"Les échanges que nous avons actuellement avec le ministère de la Santé laissent craindre une décision imminente de retrait du bénéfice des allègements de charges au titre du Pacte de responsabilité aux entreprises d'hospitalisation privée", s’alarme Lamine Gharbi, le président de la FHP, dans un courrier adressé vendredi au ministre du Travail, François Rebsamen. Et le président de la FHP d’ajouter : "l'enveloppe finançant l'hospitalisation privée serait diminuée à hauteur des allègements consentis", ce qui "diminuerait les tarifs de financement des cliniques".

2.700 emplois en jeu ? Les cliniques privées ayant bénéficié de 140 millions d’euros d’exonérations de charges, elles redoutent donc de perdre autant dans la baisse des tarifs décidée par l’Etat. Et menacent de renoncer à embaucher de nouveaux collaborateurs.

"Il va de soi que, ne bénéficiant plus de ces allègements, l'hospitalisation privée se verrait contrainte de se désengager de la dynamique du pacte de responsabilité", prévient Lamine Gharbi, alors que la branche de l'hospitalisation privée (245.400 personnes) prévoyait, selon lui, de signer un "accord débouchant sur la création de 2.700 emplois". Et pour mieux se faire entendre, le lobby a décidé de s’adresser au ministre du Travail, et non à son ministre de tutelle, Marisol Touraine.

>> LIRE AUSSI - L'hôpital public plus cher que les cliniques