Ce que Bruxelles demande à la France

François Hollande et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso à Bruxelles le 15 mai.
François Hollande et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso à Bruxelles le 15 mai. © REUTERS
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Sophie Amsili avec Isabelle Ory , modifié à
L'UE recommande à la France de réformer dès cette année son système de retraite.

C'est un document de 9 pages qui doit servir de feuille de route pour remettre l'économie française sur les rails. La Commission européenne publie mercredi ses "recommandations" pour la France comme pour tous les Etats membres, sauf ceux placés sous programme d'aide (la Grèce, l'Irlande, le Portugal et Chypre).

Deux ans de répit. Comme prévu, l'UE accorde à Paris deux années supplémentaires pour réduire son déficit à 3% du PIB. Bruxelles précise ses objectifs pour le déficit français : 3,9% du PIB  dès cette année, 3,6% en 2014 et 2,8% en 2015. Deux critères justifient ce délai supplémentaire, accordé également à la Pologne, la Slovénie et l'Espagne : les autorités françaises ont fait des efforts importants pour réduire le déficit depuis 2009 et la situation économique s'est détériorée en France, avec un risque de récession cette année, précise la Commission.

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Hâter la réforme des retraites. Mais en contrepartie, la France doit engager des réformes structurelles rapidement, à commencer par celle de son système de retraites. La Commission européenne demande à la France de prendre des mesures dès cette année le ramener à l'équilibre "pour 2020 au plus tard". Paris devrait notamment "adapter les règles d'indexation, les âges minimum et de taux plein, la période de contribution et les régimes spéciaux, mais en évitant d'augmenter les contributions des employeurs aux régimes des retraites". Selon nos informations, l'objectif du gouvernement est de boucler les négociations fin juillet pour loi, si possible, en septembre.

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La Commission européenne recommande également à la France de simplifier son système fiscal, d'abaisser le coût du travail et d'accroître la concurrence dans le secteur des services, en mettant un terme aux quotas de certaines professions, comme les taxis par exemple.

Ayrault : "les réformes à notre manière". Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault n'a pas tardé à réagir aux annonces de Bruxelles. S'il n'y a pas, selon lui, de "surprise" dans les recommandations avancées, il n'entend pas se laisser dicter sa feuille de route. "La France respectera ses engagements",  a-t-il déclaré à l'issue d'une rencontre à Matignon avec l'ancien chancelier allemand Helmut Schmidt, avant d'expliquer que "nous ferons les réformes à notre manière".

Les ministres des Finances devront les valider. Au total, l'UE formule 3 à 5 grandes recommandations par pays. Celles-ci devront ensuite être validées par les ministres européens des Finances. Cet exercice doit devenir une habitude et préfigurer le "gouvernement économique européen" que François Hollande appelle de lui-même de ses vœux. Ensemble, les Européens devront débattre des "principales décisions de politique économique", "harmoniser" les politiques fiscales et sociales "par le haut" et mener la lutte contre la fraude fiscale, souhaite le chef d'Etat français. Objectif affiché : "sortir l'Europe de la langueur" et "réduire la désaffection des peuples".