Budget : le travail de l’ombre des lobbys

© MAXPPP
  • Copié
avec Carole Ferry , modifié à
Alors que l’Assemblée examine le budget 2012, entreprises et corporations défendent leurs intérêts.

L'Assemblée a débuté mardi l’examen du projet de budget 2012, le dernier du quinquennat, dans un contexte d’austérité ravivé par la crainte d’une récession. Sommés de trouver de nouvelles ressources financières, les députés rabotent les niches et préparent de nouvelles taxes. Mais les lobbys, officiellement appelés "représentants d'intérêt", s’activent pour les en dissuader. Passage en revue de leurs méthodes de travail.

Coca-cola met les bouchées doubles

Les députés examinent notamment la future taxe sur les sodas, qui pourrait concerner les produits lights. Une extension à laquelle les parlementaires sont majoritairement favorables, mais que le gouvernement refuse. Un désaccord dont espèrent profiter les fabricants de soda.

Depuis une semaine, Coca-Cola a embauché cinq agences de lobbying chargées d'appeler chaque jour les députés, en commençant par les plus influents, ceux de la commission des finances.

Une pression pas toujours efficace

Les conseillers juridiques des fabricants de soda sont également à pied d'œuvre pour dénicher la faille juridique ou l’erreur de conception d’un texte de loi. Mais la méthode n'est pas toujours efficace, surtout si la manœuvre est directe et sans finesse.

"J’ai reçu une lettre du PDG de Coca-Cola, qui était d’ailleurs assez inconvenante et menaçante", témoigne ainsi le député UMP Lionnel Luca, qui évoque "un chantage sur l’emploi, des tas de considérations qui me paraissaient vraiment extravagante". Et l’élu d’ajouter : "je l’ai trouvée tellement extravagante que l’ai mise à la poubelle".

Trop de lobbying tue le lobbying

Si Coca-Cola se bat pour que les sodas lights ne soit pas taxés, c'est parce que ces produits représentent 40% de son chiffre d'affaires. Mais Orangina, qui a peu de produits allégés, milite au contraire pour une taxe globale. Au lieu de mutualiser le lobbying, chacun communique donc de son côté à coup de courriers, mails et autres appels téléphoniques. Au point de rendre pesant le quotidien du député UMP, Bernard Reynés, qui avoue "que les pressions ont été particulièrement fortes".

Mais, à sept mois des élections présidentielle et législatives, la pression électoraliste est forte. C’est pourquoi le Premier ministre François Fillon a jugé nécessaire de recadrer sa majorité en sommant mardi les députés UMP d'être "exemplaires" et disciplinés.