Bourse : les raisons de la dégringolade

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Noémi Marois, Gabriel Vedrenne et Axel de Tarlé avec AFP , modifié à
ÉCONOMIE - Les marchés financiers ont perdu pied mercredi  et poursuivent leur chute jeudi. Doit-on s'inquiéter ?

Peurs sur la zone euro, faible reprise américaine ou craintes pour l'économie chinoise... les places boursières se sont effondrées de concert mercredi soir. Les bourses ont fermé leurs portes sur un recul important. L'indice vedette de New-York, le DJIA, a chuté en clôture de 1,06%, après avoir perdu jusqu'à 2,80% en séance. Et l'Europe a encaissé derrière. La Bourse de Paris a concédé 3,63% à sa fermeture. Le Cac 40 a même atteint son plus bas niveau depuis un an. Francfort a perdu pour sa part 2,87%, Londres 2,83% et Milan 4,44%. Athènes s'est effondré de 6,25%.

La baisse des marchés touche également les matières premières. Le pétrole continuait de reculer mercredi, après avoir même perdu près de 4 dollars en une seule séance durant la séance de mardi.

Jeudi à la mi-journée, les bourses de Paris, de Milan, de Lisbonne et de Madrid ont lâché chacune près de 3% de leur indice. Les indices des bourses de Francfort et de Londres avaient concédé 2%. Le Cac 40 avait perdu, pour sa part, à 12h plus de 3%, après avoir frôlé les 4%. Devant l'affolement des places européennes, la Banque centrale (BCE) a annoncé qu'elle allait assurer plus de liquidités aux banques grecques. Wall Street a aussi poursuivit sa baisse jeudi. Le Nasdaq a perdu 1,98% et le Dow Jones 0,88%.

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Inquiétude pour les Etats-Unis.  "Ce sont de mauvais chiffres hier sur l'économie américaine qui ont fait chuter les bourses mondiales", explique Axel de Tarlé, l'expert économie d'Europe 1. Trois indicateurs, publiés mercredi, ont en effet été jugés mauvais : les ventes de détail ont marqué en septembre leur premier recul depuis janvier, l'activité industrielle a fortement ralenti dans la région de New York et les stocks des entreprises ont augmenté, signe que la consommation ne se porte pas au mieux. 

Vent de panique sur les marchés financierspar Europe1fr

L'Allemagne va mal. La zone euro inquiète aussi. Pour cause, sa "stagflation",  c'est-à-dire sa très faible inflation liée à une croissance molle. Mais pire, l'Allemagne, "la locomotive qui était la seule gaillarde en Europe, est en train de s’essouffler avec des exportations qui reculent ", rappelle Axel de Tarlé. Mardi, le gouvernement allemand a même annoncé une prévision de croissance plus faible que prévu. 

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Chine, Ebola, pétrole. Les places financières ont d'autres sources d'inquiétude. En Chine, l'inflation a beaucoup faibli au mois de septembre, au point d'atteindre son plus bas niveau depuis cinq ans. Des craintes planent sur la deuxième puissance économique mondiale qui doit publier ses chiffres de croissance mardi. La bourse de Tokyo a débuté la journée de jeudi en net recul aussi. En plus des indicateurs négatifs sur l'économie du monde, le Japon s'inquiète d'une éventuelle propagation d'Ebola, après l'annonce d'une deuxième contamination aux Etats-Unis. 

La conséquence de l'afflux de liquidités. Dernière explication à ce décrochage boursier : depuis la crise, les différentes banques centrales ont injecté énormément d'argent dans le système financier pour relancer l'activité. Sauf que les investisseurs, méfiants, ont préféré injecter cet argent en Bourse plutôt que dans les PME : résultat, les indices boursiers n'ont cessé de grimper depuis le printemps 2012. Une croissance en partie factice, davantage liée à la spéculation qu'aux performances réelles des entreprises cotées. On assiste donc à la formation d'une bulle spéculative qui peut éclater à tout moment et que redoutent les boursicoteurs.

On s'inquiète ?  Ce ralentissement prononcé de l'économie mondiale peut avoir des conséquences dans notre quotidien, selon Axel de Tarlé. "Une bourse qui baisse, ce n'est pas bon pour les épargnants qui ont des économies en bourse et ce n'est pas bon non plus pour les chefs d'entreprise", explique-t-il. "La semaine dernière, très concrètement, une société de matériel électrique a dû renoncer à faire son entrée en bourse où elle comptait lever un milliard d'euros pour se développer".

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