Baisse du déficit à 4,1% : "incertaine", prévient la Cour des comptes

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avec agences , modifié à
MISE EN GARDE - Selon les Sages de la rue Cambon, qui ont dévoilé leur rapport annuel mercredi, de nombreux risques pèsent sur les prévisions d'économies et de recettes fiscales.

Certes, la Commission européenne a validé la semaine dernière les prévisions de croissance de Bercy, de 1% en 2015. Certes, Bruxelles estime, comme la France, que le déficit public sera de 4,1% du PIB cette année. Mais attention, il y a des "si". Selon la Cour des comptes, qui dévoile son rapport annuel mercredi, de nombreux risques pèsent sur les prévisions d'économies et de recettes fiscales émises par le gouvernement français.

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France et Croatie, les mauvais élèves. "L'effort devrait être plus résolu en faveur d'une gestion plus rigoureuse des finances et des services publics", a commenté le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, lors de la remise du rapport à François Hollande. "La confiance dont jouit notre pays dans les instances politiques, économiques et financières, aux niveaux européen et international, n'est pas infinie : elle est étroitement liée à la crédibilité de sa politique budgétaire", a-t-il ajouté.

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La Cour des comptes le reconnaît : "les résultats de 2014 devraient s'avérer meilleurs que la prévision de 4,4%". Mais "la capacité de la France à tenir ses engagements reste incertaine pour 2015", ajoute les Sages de la rue Cambon. "La France est avec la Croatie, le seul pays de l'union européenne dont le déficit public était supérieur à 3% du PIB en 2013 et a augmenté en 2014", répètent-ils plusieurs fois dans leur rapport.

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Côté dépenses, "un premier risque pèse sur la réalisation des 21 milliards d'euros d'économies annoncées", en raison notamment de l'impact de la faible inflation sur les économies prévues liées aux gels de rémunérations et de prestations sociales. En outre, "les conséquences attendues de la baisse des dotations de l'Etat aux collectivités locales demeurent hypothétiques : rien ne garantit qu'elles se traduiront par des réductions de même ampleur des dépenses locales".

La Cour estime également que les dépenses militaires sont sous-estimées. Elle conteste également la baisse des ressources aux opérateurs de l'Etat annoncée à 1,1 milliard et qui ne sera, selon elle, que de 600 millions.

Quant aux recettes fiscales, elles devraient être moins importantes que prévu en raison, encore, de l'inflation plus faible qu'attendu. Les lois financières pour 2015 prévoient une inflation à 0,9% cette année, alors que la Commission européenne prévoit désormais qu'elle sera nulle, souligne la Cour.

L'objectif des 3% en 2017 compromis. Or, si le déficit dérape cette année, "le retour sous le seuil de 3% du PIB en 2017 sera probablement compromis", a ajouté Didier Migaud. Pour tenir l'objectif, la France doit impérativement réussir à limiter la croissance des dépenses publiques à 1,1% comme prévu - un rythme qui n'a jamais été réalisé au cours des vingt dernières années -, à tenir l'objectif de dépenses d'assurance maladie (Ondam) à 2,1% et à maîtriser les dépenses des collectivités territoriales, estime la Cour.