Assurance-vie : les Français boudent

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Jean-Louis Dell'Oro , modifié à
Les Français versent moins d’argent qu’ils n’en retirent sur ce placement. Pourquoi ?

L’assurance-vie fait moins recette. Novembre a été le troisième mois consécutif de décollecte nette pour le placement préféré des Français, avec 3,2 milliards de perte. Autrement dit, les épargnants ont globalement sorti plus d’argent qu’ils n’en ont versé, d’après le quotidien La Tribune. Et de janvier à novembre, la collecte nette, si elle reste positive, recule de 65% par rapport à la même période en 2010.

Si l’encours se porte mieux et progresse à nouveau après deux mois de baisse (à 1.375 milliards d’euros), la décollecte de ces derniers mois reste tout de même assez exceptionnelle. Europe1.fr fait le tour d’horizon des facteurs qui peuvent l’expliquer.

Financer de nouveaux projets. Lorsque les épargnants rachètent partiellement ou totalement leur assurance-vie, c’est-à-dire quand ils retirent de l’argent sur ce placement, cela peut être tout simplement pour leurs dépenses. Avec les fêtes de fin d’année, les Français peuvent en profiter pour acheter leurs cadeaux sans se mettre dans le rouge sur leur compte-courant. Ils peuvent aussi s’en servir pour constituer un apport dans le cadre d’un projet immobilier.

Il faut cependant relativiser cette hypothèse car le taux d’épargne des Français reste très élevé. Il avait atteint 17,1% au deuxième trimestre 2011. Et d’après l’Insee, il devrait encore se situer à 16,8% en moyenne en 2011. Si les Français retirent de l’argent sur leur assurance-vie, ce n’est donc pas en priorité pour consommer.

Placer son argent ailleurs. C’est certainement la principale explication du phénomène. L’immobilier par exemple reste un placement alternatif très souvent privilégié par les Français. Et dans le même temps, le livret A connaît une année historique. Fin octobre, le livret avait déjà collecté 16,58 milliards d’euros depuis le début de l’année. Un record qui portait son encours à 211,9 milliards d’euros. La raison ? Le taux de rémunération de ce placement déjà très populaire est passé à 2,25% en août dernier, alors que les rendements de l’assurance-vie sont en chute libre : entre 2,5 et 3% cette année contre 3,4% en 2010.

Si l’inflation se maintient à un niveau stable, le taux du livret A pourrait même atteindre 2,5 voire 2,75% en 2012. Mais avec la récession prévue cet hiver en France, l’inflation devrait retomber.

Le livret A a également un autre avantage : il est quasiment sans risque.

Protéger son épargne des effets de la crise. Les contrats d’assurance-vie peuvent en effet être composés d’obligations souveraines européennes, ces parts de dettes émises par les Etats. C’est ce qu’on appelle les fonds en euros. Or, avec la crise de la dette qui perdure, les épargnants prennent peur. Car si le capital placé dans ce produit est normalement garanti, certains clients peuvent douter de la solidité de leur assureur en cas de faillite d’un Etat incapable de rembourser sa dette.

Les autres types de contrat sont investis en actions ou combinent à la fois actions et obligations : ce sont les fonds multisupports ou en unités de compte. Or, là encore, la chute des marchés boursiers a fait mal. Certains clients ont même pu perdre de l’argent car le capital placé n’est alors pas garanti par l’assureur.

Eviter un nouveau tour de vis fiscal. Au fil des réformes et des plans de rigueur, l’assurance-vie, bien qu’encore très attrayante, devient moins avantageuse. Cet été par exemple, le gouvernement a alourdi la taxation des contrats d’assurance-vie. Les dernières mesures adoptées à l’Assemblée concernent toutefois principalement les plus gros clients. Mais c’est une tendance de fond que les épargnants prennent de plus en plus en compte.