AF : le bonus de Gourgeon retoqué

L'assemblée générale d'Air France-KLM a décidé de ne pas valider la prime de 400.000 euros versée à l'ancien directeur général du groupe, Pierre-Henri Gourgeon.
L'assemblée générale d'Air France-KLM a décidé de ne pas valider la prime de 400.000 euros versée à l'ancien directeur général du groupe, Pierre-Henri Gourgeon. © MAXPPP
  • Copié
MS avec agences , modifié à
L'Assemblée générale a rejeté cette indemnité de départ dans une ambiance tendue.

L'Assemblée générale d'Air France-KLM a tranché. Elle a refusé, à une écrasante majorité, jeudi de valider la prime accordée à l'ancien directeur général du groupe lors de son départ. Au total, 78,80% des actionnaires ont voté contre, 19,44% ont voté pour, 1,76% se sont abstenus.

Ce n'est pas une surprise. A l'ouverture des débats, Jean-Cyril Spinetta, PDG du groupe franco-néerlandais, avait lui-même annoncé que la résolution sur cette indemnité serait "probablement rejetée".

La défense du PDG d'Air France-KLM

31.05_air france klm Europe 1 930x620.jpg

© EUROPE 1 - PIERRICK FAY

Cette prime de 400.000 euros, versée à Pierre-Henri Gourgeon après son éviction en octobre 2011 en échange du respect d'une clause de non-concurrence pendant trois ans, est au coeur d'une polémique depuis plusieurs derniers jours. Elle tombe au moment où le nouveau gouvernement veut moraliser les rémunérations des patrons des entreprises publiques. Et ce, alors qu'Air France-KLM a multiplié les mauvais résultats sous sa direction, ce qui rend choquant un tel montant, d’autant que l’entreprise entre dans une longue phase de rigueur et de restructuration.

"Mon sentiment personnel, en tant que président, est que cette clause a été décidée de façon raisonnable, de bon droit et qu'elle a protégé l'entreprise", a pourtant défendu jeudi Jean-Cyril Spinetta.

Spinetta conspué à l'AG

Un argument qui a visiblement peu convaincu les actionnaires. L'actuel président d'Air France-KLM a été hué par des participants à l'AG alors qu'il expliquait que le paquet de 1,5 million d'euros - incluant une prime de 400.000 euros en échange d'une clause de non concurrence de trois ans - avait été accordé pour "compenser le caractère imprévisible" du départ de Pierre-Henri Gourgeon en octobre 2011.

L'un des participants s'est dit "choqué qu'on soit obligé de donner une telle somme pour qu'un ancien dirigeant accepte de ne pas faire de tort à une entreprise qu'il quitte". "Comment peut-on accepter de telles sommes pour se conduire tout simplement en honnête homme ? C'est une question de morale", a jugé l'un des actionnaires.

Après avoir essuyé ces huées, le président d'Air France-KLM s'est engagé, quant à lui, devant les actionnaires à ne pas demander de rémunération exceptionnelle en cas de départ. "Il est hors de question que je demande à bénéficier de quelque clause supplémentaire que ce soit, j'en prends un engagement formel", a assuré Jean-Cyril Spinetta, suscitant des applaudissements dans l'assemblée générale.

Pas de remboursement de Gourgeon ?

Mais Pierre-Henri Gourgeon, lui, ne devrait cependant pas être contraint de rendre sa prime. "Le code du commerce est d'une très grande clarté. (...) Le rejet, s'il intervient, n'aura pas de conséquence directe sur cette indemnité dont il a été bénéficiaire", a assuré le président du groupe Air France-KLM avant la prise de décision de l'Assemblée générale.

Cette prime a fait polémique jusqu'au plus haut sommet de l'Etat. Actionnaire minoritaire de la firme, le gouvernement a fait savoir qu'il votera contre l’octroi de cette prime. Jeudi, le ministre de l’Economie Pierre Moscovici a même demandé que cette prime soit tout simplement remboursée. D'autant plus que Pierre-Henri Gourgeon a également reçu 725.000 euros de "parachute" à son départ.