"Sicario" : le scénariste a enquêté sur les cartels de drogue

  • Copié
S.B.
Le dernier film de Denis Villeneuve, sur les écrans le 7 octobre, avec Europe 1, s'appuie sur une enquête de terrain. Résultat : une ambiance particulièrement sombre et crue. 

Sicario, en espagnol, désigne les tueurs à gages qui opèrent le long de la frontière mexicaine. C'est aussi le titre du dernier film de Denis Villeneuve, sur les écrans le 7 octobre, qui se déroule précisément dans cette zone frontalière où sévissent les narcotrafiquants. L'intrigue ? Détachée du FBI pour se joindre à une mystérieuse unité d'élite (emmenée par Josh Brolin et Benicio Del Toro), une jeune recrue (incarnée par Emily Blunt), va apporter ses services et apprendre le métier, hors des sentiers battus qu'elle connaissait jusqu'alors. Pour réaliser ce thriller redoutablement efficace, le scénariste a entrepris une enquête de terrain. Résultat : un film pessimiste, réaliste et brutal.

Un travail d'investigation. Le scénariste du film a commencé par beaucoup se documenter. Mais Taylor Sheridan a aussi dû enquêter pour obtenir des informations et approcher la violence des cartels. C'est par un travail d'investigation qu'il est parvenu, pas à pas, à récolter les informations cruciales pour orienter l'atmosphère du film. Il est donc allé interroger des immigrés pauvres dans des villes du désert de Chihuahua, a-t-il raconté.

Au début pourtant, il s'est cogné à un mur de silence. "Je me suis déplacé tout le long de la frontière, mais on ne peut pas demander tranquillement une interview à un membre de cartel ou à un représentant officiel du gouvernement". Il lui a fallu beaucoup de patience pour convaincre les gens de parler. "La seule façon d’obtenir des infos, c’est de gagner la confiance des gens qui sont le plus touchés par ce trafic : les migrants qui, poussés par le besoin, franchissent la frontière et peuplent le no-man’s land qui s’étend entre le sud de l’Arizona, le Nouveau-Mexique et le nord du Mexique. Ce sont eux, mes sources", a-t-il expliqué.

Violence sans fard. La première scène de Sicario suffit à donner le ton. Le FBI donne l'assaut dans une maison isolée afin de libérer des otages. La bâtisse, à leur arrivée, semble vide, jusqu'à ce qu'un hasard guide les policiers vers une découverte macabre : celles de dizaines de corps, ensanglantés, la tête enfermée dans un sac, cachés entre les cloisons de la maison.

La violence des cartels, Sicario ne l'édulcore pas, bien au contraire. Des corps pendus au beau milieu de quartiers aux mains des narcotrafiquants, un cordon de véhicules de police blindés traversant la ville à toute allure pour éviter les guets-apens : la tension monte d'un cran à chaque plan. Une scène de fusillade sur un pont embouteillé pousse la pression à son paroxysme. Si la virilité du film frôle parfois la caricature, l'aspect polar est indéniablement réussi.