Samia Orosemane, en voile et contre tout : "j'essaye d'être un pont entre les différentes cultures"

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Guillaume Perrodeau , modifié à
Chez Christophe Hondelatte, l'humoriste revient sur son parcours, de son collège de Clichy-sous-Bois jusqu'aux planches du Point-Virgule.

C'est le destin d’une jeune humoriste, qui découvre le théâtre au collège et décide, coûte que coûte, qu'elle fera de la comédie son métier. En 2011, Samia Orosemane osera franchir le pas, en montant sur scène, avec un turban. Depuis, elle connaît le succès. Chez Christophe Hondelatte mercredi*, elle revient sur son parcours.

 

>> De 14h à 15h, c’est Hondelatte raconte sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission de Christophe Hondelatte ici

Née à Paris dans le 19ème arrondissement, Samia Orosemane grandit avec ses parents d’origine tunisienne dans le cœur de Paris, avant de déménager à Clichy-sous-Bois. Au collège, elle prend des cours de théâtre. La grande découverte qui va changer sa vie. Et lorsqu'elle se rend à Drancy, pour aller au lycée, elle choisit cet établissement parce qu'il y a, justement, une option théâtre. "Ce sont mes professeurs qui m'ont éclairé sur la voix. Parce qu'ils étaient des passionnés, ils ont réussi à transmettre leur amour du métier", raconte Samia Orosemane.

La mauvaise expérience du conservatoire. Après le lycée, Samia continue les études, en fac de sociologie, mais elle travaille aussi ses auditions pour pouvoir entrer au conservatoire. Le travail finit par payer : elle est acceptée dans les conservatoires des 1er et 11ème arrondissement.

Mais une fois là-bas, elle va déchanter. En effet, on ne lui propose que des rôles de servantes. Samia estime que c'est à cause de sa corpulence ou de ses origines. "J'aurais aimé qu'on me propose d'autres rôles", déplore-t-elle au micro d'Europe 1. Et les choses ne vont pas s'arranger, car à côté du conservatoire, Samia est obligée de travailler. Son père est malade, il ne peut plus tenir l'épicerie. Au conservatoire, on la met en garde, elle doit faire un choix : le théâtre ou travailler. Si bien qu'au mois de juin de sa deuxième année, le couperet tombe : Samia est renvoyée pour manque d'assiduité.

"J'ai toujours fait ce que j'ai eu envie de faire". C'est à la même époque que Samia Orosemane décide de porter le voile. Mais pas n'importe lequel, un voile africain, plein de couleurs, qui détonne. À ceux qui la critiquent pour ce choix, elle répond qu'elle est libre, à ceux qui lui disent qu'elle le porte mal, elle répond qu'elle fait ce qu'elle veut. "J'ai toujours fait ce que j'ai eu envie de faire. C'est en ça que j'exprime ma liberté", souligne-t-elle.

À ce moment-là, à la fin des années 2000, Samia est bien loin du théâtre, elle enchaîne les petits boulots. C'est finalement par l’intermédiaire d'une troupe, puis de l'humoriste Phil Darwin, qui lui propose de faire sa première partie, qu'elle retrouve la scène. Et en 2011, au théâtre Le Populaire à Paris, elle fait son premier spectacle devant une cinquantaine de personnes, voilée sur scène. "Ce que je représente et la manière dont je m'habille, on n'en a rien à faire. Ce qui compte, l'essentiel, c'est ce que je raconte", affirme la comédienne. "C'est triste d'être toujours focalisé là-dessus. Ce serait bien qu'à un moment, on se concentre sur ce que je fais sur scène."

"Là où on crée des murs, j'essaye de mettre en place des ponts". Mais ce qui fait accéder Samia à la célébrité, c'est une vidéo, reprise au lendemain des attentats de Charlie Hebdo, dans laquelle elle dénonce le terrorisme. En réalité, Samia a posté cette vidéo un an avant, pour la fusillade du 22 octobre 2014 à Ottawa. Mais les vues s'accumulent, 700.000 au total, si bien qu'elle est invitée partout à la télévision. Peu de temps après, on lui propose alors une salle mythique, le Point-Virgule, à Paris. Le début du succès. "J'essaye d'être un pont entre les différentes cultures. Là où on crée des murs, j'essaye de mettre en place des ponts", indique l'humoriste. Depuis, Samia joue dans toute la France et au Maghreb. En 2016, elle a même lancé une grande tournée africaine.

 

*émission précédemment diffusée en mars 2018