Le roman de Salman Rushdie "Les Versets sataniques" connait une explosion de ses ventes depuis l'attaque (Archives). 2:05
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Marie Gicquel, édité par Gauthier Delomez
Peu après l'attaque contre l'écrivain britannique Salman Rushdie, visé par une fatwa suite à la publication du roman "Les Versets sataniques" en 1988, les ventes de cet ouvrage s'envolent sur les sites internet et en librairie. Un engouement qui s'explique par un élan de solidarité avec l'auteur.

Un roman qui est plébiscité après l'attaque contre Salman Rushdie, vendredi aux États-Unis. Les ventes de l'ouvrage Les Versets sataniques, à l'origine de la fatwa de l'écrivain britannique lancée il y a 33 ans, s'envolent depuis sa tentative d'assassinat lors d'une conférence dans l'État de New York. Le roman autobiographique figure parmi les meilleures ventes en ligne et en librairie, comme un symbole de solidarité avec l'auteur.

La solidarité exprimée sur les réseaux sociaux

Sur les réseaux sociaux, beaucoup d'internautes appellent à acheter l'œuvre de l'écrivain britannique. Son livre est d'ailleurs en rupture de stock sur certains sites. Caroline ne le recevra que dans une dizaine de jours. "Je me suis sentie portée par une forme de solidarité, et je me suis dit qu'il était évident qu'il fallait que j'acquiert ce livre et que je le pose dans ma bibliothèque", explique-t-elle au micro d'Europe 1.

Caroline assure qu'elle va lire l'ouvrage de Salman Rushdie "avant de le poser, pour qu'il reste là comme un signe que la liberté d'expression doit être respectée et qu'il faut protéger les personnes qui combattent pour la liberté d'expression", affirme-t-elle.

Le soutien d'un autre écrivain visé par un blasphème

Dans son roman Les Versets sataniques, Salman Rushdie raconte les péripéties de deux migrants indiens qui débarquent au Royaume-Uni. Il s'agit d'un récit très riche où se mêlent des références autobiographiques, des faits réels et des rêveries sur un passage précis du Coran qui a été effacé, celui où le Prophète aurait été tenté par le diable de reconnaître l'existence d'autres divinités qu'Allah.

Pour l'écrivain turc Nedim Gürsel, soutenu par Salman Rushdie et lui aussi menacé et poursuivi pour blasphème, le roman s'empare d'autres thématiques. Sa parole est précieuse, et son esprit est choqué. "C'est avant tout un roman sur l'exil, sur l'identité. Les passages sur la ville de Londres sont assez nombreux, et il s'agit de très belles descriptions", commente-t-il auprès d'Europe 1. "C'est inadmissible qu'un pays comme l'Iran, qu'un État membre de l'ONU, condamne un écrivain à mort. Dans quelle époque vivons-nous ?", s'interroge-t-il, "il s'agit d'un roman, d'une parodie", ajoute l'auteur turc.

 

D'autres livres de Salman Rushdie voient leurs ventes augmenter, comme son récit Joseph Anton lui aussi autobiographique, où l'auteur britannique revient sur cette fatwa lancée contre lui.