Pourquoi fait-on "bonne ripaille" quand on se délecte d'un festin ?

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Quelle est l'origine de l'expression "faire bonne ripaille" ? © Gaumont Buena Vista International
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Stéphane Bern
Dans l'émission d'Europe 1 "Historiquement vôtre", Stéphane Bern se penche chaque jour sur les racines d'une expression du quotidien. Jeudi, il s'intéresse aux origines de la gourmande tournure "faire bonne ripaille", promesse, après avoir bien mangé et bien bu, d'avoir la peau du ventre bien tendue.

Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Jeudi, pour nous ouvrir l'appétit, l'animateur d'Europe 1 revient sur les racines gastronomiques et néerlandaises de "faire bonne ripaille".

Quand vient le moment de souper, il y a deux écoles. Celle de David Castello-Lopes : un potage maison et un verre d'eau. Et celle d'Olivier Poels : on organise un défilé de poulardes, de veaux, de rôtis, de saucisses, de pâtés de cerfs et de porcelets. Bref, comme dans le film Les Visiteurs avec Christian Clavier et Jean Reno, on fait "bonne ripaille" !

Gratter l'incruste et les fonds de plats

Une fois n'est pas coutume, cette expression gourmande nous vient des Pays-Bas. En néerlandais, il existe un verbe, "rippen", qui a donné en français "riper", qui signifiait gratter. Au 16e siècle, on employait la formule "faire ripaille chez quelqu'un" pour dire que l'on se faisait inviter et que l'on profitait de la générosité des hôtes. On retrouve l'idée de gratter un repas.

À l'époque, ce sont les soldats qui faisaient le plus souvent ripaille chez les gens. On imagine bien que personne n'osait pas trop protester quand des militaires s'invitaient à votre domicile. Ces derniers, souvent en position de force, n'hésitaient pas à abuser en finissant tous les plats et à racler les écuelles. On retrouve encore l'idée de gratter.

Château haut-savoyard de Ripaille

Une autre origine complémentaire est probable. Au 15e siècle, l'ancien pape Amédée VIII est fraîchement veuf et inconsolable. Il se retire près du lac Léman dans un prieuré avec au programme méditation et chasteté. Fort heureusement, on peut y faire bombance de façon orgiaque. Le lieu est réputé pour ça. C'est le château de Ripaille à Thonon-les-Bains, un lieu que vous pouvez toujours visiter aujourd'hui. On peut même en louer des parties... et y faire ripaille.

En Espagne, on dit aujourd'hui "entripar", soit se remplir les tripes. Au Brésil, c'est "encher a pança", se remplir la panse. Avant d'aller faire bonne ripaille, souvenez-vous de ce que disait Coluche : "Chez ma grand-mère, avant de manger, tout le monde faisait une prière. Faut dire que la bouffe était dégueulasse."