Roger Morizot était surnommé "Doudou" par les stars qui se produisaient à l'Olympia. 9:20
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Jonathan Grelier , modifié à
En 1954, Roger Morizot, dit "Doudou" Morizot, a travaillé avec Bruno Coquatrix pour remettre en état la salle de spectacle parisienne de l'Olympia qui n'était alors qu'une vieille salle de cinéma abandonnée. Il y restera comme régisseur jusqu'en 1988. Entre temps, il vivait au quotidien avec des stars comme Piaf, Brel, Hallyday ou Gréco, comme il le raconte dimanche sur Europe 1.
INTERVIEW

Pendant plus de 30 ans, il a été le régisseur de la mythique scène de spectacle parisienne l'Olympia. En 1954, Roger Morizot travaille au Cirque d'hiver à Paris quand son directeur, Joseph Bouglione, lui dit d'aller aider Bruno Coquatrix à remettre en état l'Olympia, qui n'est alors qu'une vieille salle de cinéma à l'abandon. Finalement, Roger Morizot restera au 28, boulevard des Capucines jusqu'en 1988. Dans les coulisses de la salle de spectacle, il tissa des liens avec nombre de stars internationales et de vedettes hexagonales, comme il le raconte ce dimanche au micro d'Europe 1, à l'occasion de la sortie de son livre Je les ai tous vus débuter.

Édith Piaf, la superstitieuse

Ses liens les plus forts, "Doudou", comme les stars le surnommaient, les a probablement entretenus avec Édith Piaf. "Elle m'appelait 'sa petite gueule' parce qu'elle m'adorait", se souvient-il. Roger Morizot décrit une chanteuse "très superstitieuse", pour qui il était presque devenu comme un porte-bonheur. "Elle voulait que je sois là quand elle sortait de sa loge pour aller sur scène, que je l'accompagne."

Pour satisfaire l'interprète de "La Vie en rose", "Doudou" avait même "retiré un bout de lino" pour qu'Édith Piaf puisse "toucher du bois (…) avant d'entrer en scène". "À chaque fois qu'elle arrivait sur scène, chose très rare, tous les musiciens se levaient pour la saluer. C'était une grande dame", raconte-t-il.

Jacques Brel a aussi beaucoup marqué l'ancien régisseur, notamment en raison de son trac. "Quand il était dans sa loge, il parlait à tout le monde, il était bien. Avant d'entrer en scène, il vomissait, à chaque fois", relate Roger Morizot. Pour lui, Jacques Brel n'en était pas moins "un grand monsieur, un très, très grand monsieur. D'une gentillesse…"

La loge pleine à craquer de Johnny

Les souvenirs sont innombrables dans la mémoire de Roger Morizot. Il y aussi ces fois où, dans la loge de Juliette Gréco, il se retrouvait "par terre" à faire avec l'artiste "des puzzles grands comme la pièce". "Elle adorait ça, alors je l'aidais", dit-il aujourd'hui avec simplicité.

Puis il y avait Johnny Hallyday, dont la loge était bien souvent pleine à craquer sans que l'on sache vraiment pourquoi. "C'était bourré de musiciens, de filles qu'il rencontrait, de personnel. Tout le monde occupait les lieux, son chez lui, et il se laissait faire." Pour Roger Morizot, Johnny était "un brave garçon" parfois, peut-être, un peu dépassé par l'effervescence qui l'entourait. "Il ne voyait pas ce qui se passait autour de lui", glisse seulement l'ancien régisseur, laconique. Des choses que seul lui pouvait voir, dans les coulisses de l'Olympia.