Faut-il accepter les fleurs de Jeff Koons ?

Le 21 novembre 2016, Koons a annoncé son intention d'offrir à la Ville de Paris "Bouquet of Tulips".
Le 21 novembre 2016, Koons a annoncé son intention d'offrir à la Ville de Paris "Bouquet of Tulips".
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G.P. , modifié à
Une oeuvre "offerte" par l'artiste contemporain doit être prochainement installée devant le Palais de Tokyo, à Paris. Un gigantesque bouquet de tulipes, qui n'est pas au goût de tout le monde.

33 tonnes, douze mètres de haut et huit mètres de large, socle compris. L'oeuvre Bouquet of Tulips, de Jeff Koons, doit être prochainement installée, en plein cœur de Paris, devant le Palais de Tokyo. En novembre 2016, l'ambassade des Etats-Unis, la mairie de Paris et l'artiste avaient annoncé la création de projet : un "symbole du souvenir" après les attentats du 13 novembre 2015. "L'œuvre a été créée comme un symbole de souvenir, d’optimisme et de rétablissement, afin de surmonter les terribles événements qui ont eu lieu à Paris il y a un an", expliquait ainsi l'artiste en 2016.

"Non au 'cadeau' de Jeff Koons". Oui mais voilà, l'initiative ne plaît pas à tout le monde. Dans une tribune publiée lundi dans Libération, des personnalités du monde de la culture, des artistes, des hommes et femmes politiques s'insurgent contre l'arrivée de cette oeuvre. Notamment sur l'aspect financier. Car Jeff Koons ne fait don que de son idée. Il reviendra à l'Etat de régler une somme d'environ 3,5 millions d'euros pour l'oeuvre.

"C'est un vrai cadeau, tout comme la Statue de la Liberté d'Auguste Bartholdi était un cadeau aux Etats-Unis", estime tout de même Emmanuelle de Noirmont, productrice et coordinatrice du projet. "C'est-à-dire que l'artiste fait don de sa création, et que c'est sous le biais d'une souscription d'appel au mécénat, que l'on peut financer la production, l'installation et les travaux de renforcement", détaille la productrice.

Un don qui "échappe à la logique de la commande". Un argument qui ne convainc pas Christian Bernard, directeur du Printemps de septembre et signataire de la tribune dans Libération. "La grande différence, c'est que quand la France propose la Statue de la Liberté en don aux Etats-Unis, elle finance l'essentiel de la production : structure et sculpture", tient à rappeler le directeur.

Autre point qui fâche les opposants à l'arrivée de cette oeuvre : la méthode. "Il y a des règles. Les commandes publiques relèvent d'appel à projet sur invitations, ou non, et sont organisées avec des jurys, des experts, des cadres de commande", indique Christian Bernard. Or, le cas de Bouquet of Tulips est spécifique, "il échappe à la logique de la commande", "mais c'est un don qui s'avère onéreux, malgré tout".

Pour le moment, la ministre de la Culture a demandé des études complémentaires. La polémique n'est donc pas terminée.