Jack Lang : Jean d'Ormesson et Johnny Hallyday "ont réussi à s'élever au-dessus d'eux-mêmes"

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A.D.
L'ancien ministre de la Culture est revenu sur Europe 1 sur les morts de Johnny Hallyday et de Jean d'Ormesson, qui ont ému la France.
INTERVIEW

Populaire pour l'un, littéraire pour l'autre, deux immortels, chacun à leur façon. À un jour d'intervalle, deux figures françaises sont décédées : Jean d'Ormesson dans la nuit de lundi à mardi, Johnny Hallyday dans celle de mardi à mercredi. Invité dans l'émission C'est arrivé cette semaine, l'ancien ministre de la Culture, Jack Lang, a expliqué ce que représentaient ces deux hommes pour la France.

"D'Ormesson, c'est l'élégance". Le ministre souligne la dimension collective de l'émotion après l'annonce de la mort des deux personnalités, qui ont reçu des hommages d'ampleur nationale. "Chacun a son histoire particulière, sa relation spéciale à d'Ormesson, à Johnny Hallyday, et en même temps, nous avons le sentiment d'être coauteurs d'une sorte de communion collective." Car l'écrivain comme le chanteur touchaient les Français.

"D'Ormesson, c'est l'élégance. Et les Français sont ainsi faits qu'ils attachent à l'élégance de la pensée, du style, de l'allure, du regard, une importance plus qu'aucun autre peuple peut-être", analyse l'ex-ministre. "D'Ormesson était ce personnage élégant qui vous envoûtait par la beauté des mots, par la splendeur de son regard, par l'intelligence de ses répliques. Il était de ce point de vue-là typiquement français."

Entendu sur europe1 :
Beaucoup de gens ont le sentiment de perdre avec chacun des deux homme une sorte d'élixir. Élixir de jouvence pour d'Ormesson, élixir d'énergie avec Johnny

"Johnny était une boule de feu". Quant à Johnny, c'est un peu différent pour Jack Lang. "D'abord, il a été au début rejeté, écarté. On croit que Johnny a toujours existé. Non ! J'ai connu des moments où le rock était détesté, craint, redouté. Mais Johnny était une boule de feu, il dévorait l'espace. Il réussissait aussi par les mots, mais également par la musique, par le déchaînement de sa personne, par sa générosité infinie à susciter cette adhésion et cet enthousiasme. Aujourd'hui, je crois que beaucoup de gens ont le sentiment de perdre avec chacun des deux une sorte d'élixir. Élixir de jouvence pour d'Ormesson, élixir d'énergie avec Johnny."

"Un art de vivre à la française". Même si l'on pouvait croire l'un et l'autre aux antipodes, réunis par le hasard des dates, ils forment ensemble un portrait culturel de la France. "C'est réjouissant de constater que le pays qui est le nôtre est un pays qui aime la beauté, les mots, la littérature et aussi ceux qui se dépassent. L'un et l'autre sont deux hommes qui ont réussi à s'élever au-dessus d'eux-mêmes et à construire une oeuvre originale et forte."

Peu importent pour l'ancien ministre les voix dissonantes qui font entendre que Johnny n'était était pas Hugo, ni d'Ormesson Chateaubriand. "C'est au-delà de l'appréciation que l'on peut porter sur la qualité littéraire ou musicale. C'est ce que représentent les vibrations collectives suscitées par l'un et par l'autre" qui importent. "Il y a le sentiment de se retrouver ensemble pour célébrer l'art et un art de vivre à la française."