L'épidémie de Covid-19 et les mesures sanitaires entravent nos libertés. Notre système libéral est confronté à ses excès et la planète vient nous rappeler que ses ressources ne sont pas infinies. Partout, les limites s'imposent à nous. Co-auteur de l’ouvrage le Sens des limites (éditions de l’Observatoire), philosophe et écrivain, Roger-Pol Droit était l'invité d'Europe 1 lundi. Il cherche à repenser cette notion, vue tantôt comme une contrainte insupportable tantôt comme un absolu. "Notre époque vit une très intense crise des limites. C’est autour des limites que toutes nos querelles idéologiques, politiques et sociales se fixent", note le penseur.
La pandémie révèle des "méga-limites"
Alors qu'il avait entamé sa rédaction avec Monique Atlan avant l'éclatement de la pandémie, cet ouvrage trouve aujourd'hui un écho particulier. "Nous nous cognons tous les jours aux limites. Nous sommes entravés d’une manière qui devient pour beaucoup insupportable et pénible. On a découvert par la pandémie des 'méga-limites'." Avec la crise sanitaire, nous constatons la limite, entre autres, de nos connaissance scientifiques et celle de nos capacité à organiser la vaccination.
Le philosophe cherche à renvoyer dos à dos les tenants d'une liberté totale et ceux qui veulent "imposer partout des limites". "Il faudrait, pour sortir de nos crispations, voir [la limite] différemment, dans ce qu’elle a de subtil, riche, fécond et vital." Selon lui, la limite est un "filtre" amené à ouvrir le champ des possibles. Roger-Pol Droit s'en réfère d'ailleurs à l'étymologie latine du mot : "'limitor' signifie ouvrir un chemin, non pas fermer un espace mais en faire une possibilité de circulation."