Bernard Werber : "Dans un bon livre, on doit rire, avoir peur et au dernier moment, avoir les sourcils qui se lèvent"

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A.D
Le romancier a publié "Depuis l'au-delà", un roman qui interroge sur la vie après la mort. Invité sur Europe 1, il a partagé ce qu'il considère comme la recette d'un bon livre.
INTERVIEW

Le romancier culte des Fourmis revient avec Depuis l’au-delà, publié chez Albin Michel. Pour décortiquer son ouvrage, Bernard Werber était l’invité de l'émission La Voix est livre.

Un fantôme enquête sur son assassinat. Au commencement du roman, le héros, un écrivain nommé Gabriel Wells, se réveille. Mais au fur et à mesure de la journée, il s’aperçoit qu’il n’a plus d’odorat, pire, il est transparent. Personne ne le voit. Il n’y a que Lucy, médium, qui l’entend. Et la première fois qu’elle lui adresse la parole, c’est pour lui annoncer... qu’il est mort.

Pire, le héros découvre qu’il a été assassiné. "Comme c’est un auteur de polar, il veut savoir qui" est coupable de sa mort. Mais difficile d’enquêter quand on ne peut plus utiliser son corps et entrer dans le monde physique. Le héros doit avant tout comprendre et accepter qu’il est mort. Cette idée de roman est venue à Bernard Werber grâce à l’une de ses amies, médium. "Elle m’a dit que la plupart des gens quand ils meurent se croient encore vivants", lance-t-il, le plus normalement du monde. "Rien ne nous permet d’être sûr d’être vivant. On n’a pas de repère autre que notre propre intuition."

Science et spiritualité. Le roman formule aussi des hypothèses sur ce qui se passe après la mort. Il est également truffé d’anecdotes de réels travaux scientifiques plus ou moins farfelus, comme celui d’un homme qui était persuadé que le poids de l’âme pesait 21 grammes. "Sur des sujets aussi irrationnels, il y a quand même des scientifiques qui se sont posés des questions", souligne l'écrivain. Et de citer Thomas Edison qui avait déposé le brevet d’un 'nécrophone', un appareil pour parler avec les morts. "Il y a une réconciliation qui est à faire entre la science et la spiritualité. J’ai une formation de journaliste scientifique, donc par définition, je suis sceptique. Mais à côté de ça, je ne vois pas pourquoi on dirait que ça n’existe pas. Mon travail de romancier consiste à donner envie d’être au lecteur d’être curieux."

Un "contrat" avec le lecteur". En plus de cet appel à la curiosité, Bernard Werber veut offrir une dimension "organique" à son public. "Dans un bon livre, on doit rire, avoir peur et au dernier moment, on doit avoir les sourcils qui se lèvent". Le romancier construit d’ailleurs en général ses romans par la fin en essayant de la camoufler au lecteur. "Il y a un contrat je crois. Dès qu’un lecteur va passer sept ou huit heures à lire un livre, on a le devoir de lui offrir un dessert digne de ce nom. Et ce dessert, ça va être cette fin surprenante."