Un tableau de Breton rendu à la France

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avec AFP

Un siècle après avoir été volé dans un musée de Douai par un soldat allemand et au terme de dix ans de péripéties judiciaires et d'allers et retours transatlantiques, un tableau de Jules Breton (1827-1906) est rendu jeudi à la France par les Etats-Unis. L'administration américaine des douanes et de l'immigration (ICE) remettra jeudi solennellement Une fille de Pêcheur à l'ambassadeur de France à Washington, François Delattre, en présence de Anne Labourdette, conservatrice du musée de la Chartreuse de Douai, son légitime propriétaire.

L'huile sur toile qui représente une jeune femme raccommodant un filet de pêche, est signée du peintre naturaliste, dont des oeuvres sont exposées au musée d'Orsay à Paris, dans des musées français et américains. Commandée en 1875 par la ville de Douai au peintre, alors très célèbre, Une Fille de pêcheurs n'est restée accrochée aux murs du musée qu'un peu plus de 50 ans, avant de disparaitre pendant 80 ans pour ressurgir en Suisse, aux Pays-Bas, en Allemagne et aux Etats-Unis. Le tableau a été "volé le 15 septembre 1918 par un soldat allemand, resté inconnu, qui a découpé la toile au cutter, au moment de la retraite des armées allemandes", a raconté Anne Labourdette.

"La ville a entamé des recherches pour le tableau de Breton dès les années 20. Il a été signalé ça et là mais ce n'est qu'en 2000 que la maison d'enchères Sotheby's Paris a prévenu le musée que le tableau allait être mis en vente par la galerie Köller de Zurich" (Suisse), dit Anne Labourdette. Après un dépôt de plainte, le tableau est mis sous scellés pendant cinq ans avant, pour des raisons de batailles d'experts et d'embrouillaminis judiciaires, d'être rendu à son propriétaire qui le revend aux Etats-Unis.

La toile a alors repassé de nouveau l'Atlantique pour être mise en vente, en vain, à Maastricht aux Pays-Bas et Cologne en Allemagne, où elle est repérée en mai 2010. "J'ai reçu un coup de fil d'un collectionneur privé qui m'a dit 'c'est votre tableau!'", raconte la directrice du musée. Nouvelle plainte, commission rogatoire internationale, mais le tableau repart aux Etats-Unis. Interpol Washington, la justice et les douanes américaines se sont alors emparés de l'affaire.