Salaam la France : le verdict du jury

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Ils ont aimé, ils n'ont pas aimé. Les commentaires du jury de février de la bibliothèque Europe 1.

Salaam la France de Bernard du Boucheron (Editions Gallimard)

ILS ONT AIME

Salaam la France est un livre envoûtant. Après un ou deux chapitres pas très intéressants (mais essentiels pour la mise en place de l'ambiance), l'auteur nous fait voyager, avec son écriture cinglante, dans l'Algérie de 1954 (donc, alors française). L'auteur n'a pas de parti pris pour les Algériens ou pour les Français : il est neutre ; il nous montre par bien des moments que la situation ne pouvais plus durer.

Grégoire, Rennes

Ce livre nous plonge au cœur de l’Algérie des années 50, à travers le récit d’un jeune médecin prétentieux. Il nous raconte sa vie de médecin du "bled", plongé au quotidien dans le monde féroce des colons et des administrateurs métropolitains. On ressent au fil des pages la chaleur poisseuse du pays,l’indolence qui en découle,la cruauté des rapports humains. C’est une grande misère qui est décrite là, misère de la terre aride ou les seuls vivants semblant en mouvement sont les mouches et les scorpions. Misère des hommes avec des administrateurs stupides et imbus d’eux mêmes, misère des colonisés décrits comme fourbes et opportunistes. Et misère des femmes, tant françaises qu’algériennes dont l’apparente sensualité cache en réalité une extrême cruauté. Seule lueur d’humanité, la petite Malika, qui paiera très cher ses rêves d’un monde plus doux où l’amour a toute sa place. Bernard du Boucheron nous fait toucher du doigt toute cette violence qui régit les relations entre colons et colonisés.On pressent le drame à chaque page.Le récit est cruel et pessimiste,nourri de phrases sèches et de descriptions au scalpel.L’ironie est féroce,l’humour désespéré,le mépris permanent, on se laisse emporter par l’histoire même si l’on devine dès la première page que ce théâtre d’ombres aboutira forcément à une fin monstrueuse. Les livres sur l’Algérie française ne sont pas si nombreux.Il faut donc saluer ce roman qui éclaire d’une lumière crue un moment pas très glorieux de notre histoire,une dénonciation du colonialisme et cette pourriture des esprits qui l’accompagne.

Alain, Brunoy

Un livre dur et âpre j'aimerais dire comme le désert nord-africain mais je n'y suis jamais allée... : je l'ai lu page après page très vite sans pouvoir décrocher espérant trouver une lueur d'espoir dans cette histoire mais même l'amour s'y égare ! J'ai espéré que ce jeune médecin "Francaoui" tombe amoureux - sinon du pays qui l'accueille - d'une des protagonistes qui le cotoient : Elise -la moins sympathique- parfait archétype de la décadence coloniale française et qui en préfigure la fin, Malika la prostituée, attendrissante, éprise d'une liberté interdite aux femmes dans son pays et Annika la froide Danoise défenseuse des droits de l'homme mais seulement jusqu'à un certain point. J'ai espéré que Malika s'en sorte ou qu'il la sauve mais ce n'est pas un roman de gare, c'est un roman réaliste qui montre une période dont, somme toute, on parle peu : celle qui précéda la guerre d'indépendance.

Nathalie, Charron

ILS SONT PARTAGES

Heurtée au début de la lecture par le style,l'atmosphére, pour trés vite,laisser place à ce "climat" particulier de "pauvreté" humaine, de haine, de violence entre les hommes; tableau trés "dur" de ce rapport humain , à ce moment donné de la France , l'Algérie , bien exprimé par la férocité de l'écriture.

Chantal, Cannes La Bocca

Tout au long de la lecture de ce roman, j'avais l'impression de me trouver dans un nid de vipères. Si les comportements humains décrits sont empreints de vérité, j'ai regretté qu'il n'y ait pas de temps en temps un peu de poésie.

Patricia, La Farlede

Pour les nostalgiques qui ont douloureusement quitté "le pays" en 1962 ou avant. L’état d’esprit des colons pieds noirs est assez bien restitué. Surtout pour ceux qui pensent que leur rôle à été positif. A tort ou à raison.

Yves, Dieppe

L’auteur nous emmène dans une Algérie d’après guerre. Le jeune homme est revenu au pays pour mission particulière. Les phrases sont courtes et violente. J’ai lu ce livre avec une certain embarras.

Bérangère, La Salle De Vihiers

Sur le fond: un livre qui je pense s’adresse à un certain type de lectorat mais qui ne plaira certainement pas aux néophytes car l’auteur utilise un jargon spécifique et fait allusion à des événements bien précis. Sur la forme: l’utilisation de phrases courtes donne une impression de trépidation et permet au lecteur de s’immerger facilement dans le roman malgré des digressions trop répétitives.Bref ce livre n’est pas à mettre entre toutes les mains mais plutôt à réserver à un public averti, qui saura s'adapter à la double lecture proposée.

Florian, Montereau Fault Yonne

Retour du narrateur vers une jeunesse coloniale algérienne avec des idées assez indéfinissables, en tant qu'occupant,jouant avec l'Administration en place pour toujours arriver à ses fins. Récit distancié mais indispensable au souvenir et sans doute aussi à l'horreur des évènements de ce moment-là. J'ai trouvé aussi plutôt transparentes ces trois femmes qui sont pourtant les piliers de la narration.

Yvette, Brest