Quand Mitterrand part en guerre contre un rappeur

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Le ministre de la Culture juge "intolérables" les propos tenus à l'encontre de la police par le rappeur Morsay dans une de ses chansons.

Un appel au boycott qui ne dit pas vraiment son nom. Frédéric Mitterrand a lancé, lundi, un appel "au sens des responsabilités" des "dirigeants de radios, de chaînes de télévision et de sites internet", leur suggérant implicitement de ne pas diffuser le titre d'un rappeur du Val-d'Oise déjà dans le collimateur d'un syndicat de policiers municipaux et de l'UMP.

Objet du délit ? Une chanson du rappeur Morsay, baptisée J'ai 40 meufs, mais surtout sa mise en scène dans un clip vidéo visible sur internet. "J'ai 40 meufs et j'ai toujours la dalle, c'est Morsay j'nique la police municipale", y chante le rappeur, alors qu'un groupe de rappeurs portant pistolets et fusils, pointent leur arme vers la caméra, tirent des coups de feu et font le geste de se trancher la gorge.

"Le rappeur [...] tient des propos intolérables", juge Frédéric Mitterrand, qui affirme que la "liberté d'expression ne doit pas être le prétexte à des dérives incitant à la haine ou à la violence".

Cette prise de position du ministre de la Culture interpelle notamment parce que Frédéric Mitterrand avait apporté un soutien remarqué au rappeur Orelsan, au coeur de l'été. "Orelsan exprime le dépit amoureux, avec des termes qui ne sont pas les miens, moi je ne parle pas exactement la même langue, mais il a tout à fait le droit de l'exprimer", avançait alors Frédéric Mitterrand.

Vendredi, le Syndicat national des policiers municipaux avait demandé que des poursuites soient engagées contre le rappeur, jugeant que sa vidéo n'était "faite que d'injures et d'incitations à la haine et à la violence". Le porte-parole de l'UMP, Dominique Paillé, a également dénoncé une vidéo "une atteinte évidente à la dignité humaine et un appel à la banalisation de la violence". "Si les bornes de la légalité ont été franchies, c’est à la justice qu’il appartient de décider des mesures appropriées", écrit de son côté Frédéric Mitterrand.