Pourquoi on aime tant les Lego ?

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LEGO MANIA - La petite brique à plots, héroïne d’un film, a fait le tour du monde et traverse les âges. Une sociologue nous éclaire sur les raisons d’un tel succès. 

Chaque seconde, 983 briques de Lego sont achetées sur la planète. Et 31 milliards de Lego sont vendus dans le monde tous les ans. Ces chiffres, incroyables, démontrent l’engouement pour la petite brique à plots qui connaît, depuis sa création il y a plus de 50 ans, un succès sans faille.  Les personnages de la marque, à la petite tête jaune si célèbre, sont aujourd’hui au cœur d’un film d’animation, La Grande Aventure Lego, de Phil Lord et Chris Miller, qui sort mercredi sur les écrans en France, et qui cartonne déjà aux Etats-Unis. A l’occasion de ce premier long-métrage réalisé à partir des vraies pièces de Lego, nous avons voulu comprendre quels sont les ingrédients qui font le succès de ce jouet, moins banal qu'il n'y paraît. 

>>> Simplissime d’utilisation, le Lego s'assemble, se démolit, se reconstruit, s'emboîte, à l'infini. Et il convient à toutes les mains, les petites comme les plus grandes (on ne nous la fait pas, on a vu plus d'un adulte à Noël jouer avec un cadeau qui n'était pas le sien...). Mais pourquoi son succès dure, encore et encore ? On a posé très sérieusement la question à la sociologue Mona Zegaï, qui exerce à l’Université Paris 8. Elle nous a aidés à répondre en 5...briques. 

Parce qu’un Lego ressemble toujours... à un Lego. Le Lego est "old-fashion", et c'est très bien comme ça. Rassurant, il n’est pas soumis aux modes "imposées par les cours de récréation", souligne Mona Zegaï. Et ça change tout : "Le marché du jouet est aujourd’hui très lié aux modes. D’un Noël à l’autre, les jouets changent très vite, disparaissent, et sont aussitôt remplacés. Pas le Lego. Il est immuable, ou presque." Et quand bien même le constructeur crée de nouvelles pièces, on trouve toujours le Lego de base et sa petite tête jaune.

EN IMAGES - Jouets sans âge

© © Jean Tholance pour les Arts Décoratifs, Paris

 Parce qu’un Lego, ça se transmet comme un héritage. Les Lego, "nos parents y ont joué, parfois même, nos grands-parents. Et souvent, on remarque une volonté de transmission dans les familles. Quand les grands-parents se rendent dans un magasin de jouets, l’offre est devenue absolument immense. Ils ne s’y retrouvent pas. Ils vont donc vers des valeurs sûres. Les Lego, ça leur parle", analyse Mona Zegaï. Un "héritage" qui se transmet, évidemment aussi, entre frères et sœurs. 

Parce qu’on peut faire des collec'. Une petite brique répliquée à l'infini, dans des couleurs toujours différentes, et vendue par sachets entiers : ça donne envie d'accumuler des Lego comme un écureuil accumulerait des noisettes. Et la marque tire à fond sur cette ficelle. Un seul exemple : les Lego Star Wars. La marque a sorti de nombreuses pièces dédiées à la trilogie de George Lucas, des vaisseaux, des navettes ou encore des palais, ainsi que d’innombrables mini-figurines qui ont de quoi faire craquer les passionnés. 

Parce qu’un Lego, c'est plus intelligent qu'une Barbie. "Plutôt que d’acheter une poupée ou une voiture, le Lego paraît plus éducatif aux parents", analyse Mona Zegaï. Le Lego et ses combinaisons, pratiquement infinies, stimule l’imagination. Le Lego a d’ailleurs tant de qualités éducatives que le jouet est devenu un outil thérapeutique entre les mains de certains psychologues ou psychiatres. La psychologue Gina Gomez utilise par exemple le Lego pour travailler avec desautistes. Elle lui reconnaît d’immenses qualités pour aider ses patients à se repérer dans l’espace, ou encore pour encourager la communication. 

Parce qu'un Lego, c'est pile dans la tendance "do it yourself". Le "fait main" a la cote, de la cuisine à la couture en passant par le tricotage. Et les Lego s'inscrivent pile dans cette tendance. Le psychologue Michael Norton, auteur d’une étude parue en 2011, parle même de "l’effet Ikea ", du nom de la célèbre marque de mobilier et objets de décoration. Son constat : on accorderait plus de valeur à des objets que nous aurions nous-mêmes assemblés. "Aujourd’hui il existe beaucoup de jouets finis quand on les achète", confirme Mona Zegaï. " On peut imaginer plein de choses, mais ce n’est jamais pareil. Avec les Lego, on peut construire ce qu’on veut. Il y a des couleurs, et même des personnages, mais il y a beaucoup moins de limites que celles imposées par la plupart des jouets finalisés."

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