Chaque mois, un jury de dix auditeurs d’Europe 1 choisit le livre du mois parmi cinq nouveautés proposées par la rédaction. En écho au livre du mois, Europe 1 vous propose un classique.
Ce mois-ci, la Bibliothèque Europe 1 a mis à l’honneur les littératures nordiques. Cinq romans norvégiens, danois et suédois étaient en lice pour le titre de livre d’avril 2011. Le gagnant : Submarino de Jonas T. Bengtsson (éditions Denoël)
"Sex, drugs and rock n’roll"… sans soleil, ni paillettes…
Submarino est un roman sombre, âpre, dur, construit autour de la vie de deux frères à qui le sort n’a pas donné les bonnes cartes. Une mère alcoolique, un petit frère mort dans son berceau, sans doute tout simplement de faim… Ce sont des souvenirs dont on ne se remet pas. Nick et son frère ne s’en sont jamais remis.Intelligent, lucide, Nick est accro au bodybuilding et à la violence. Son frère est accro, lui aussi : à l’héroïne. Toxico et dealer. Pendant des années, il réussira à mener une vie apparemment normale. Son sauveur a 5 ans, il s’appelle Martin, c’est son fils.
Sans sentimentalisme ni complaisance, Jonas T. Bengtsson décrit un univers insupportable. Ses personnages sont pourtant pleins d’humanité. Bourreaux et victimes à la fois, ils avancent inexorablement vers leur destin. Comme beaucoup de romans contemporains, Submarino entremêle les récits de ses deux héros, toujours à la première personne. Au lecteur de comprendre qui parle. Et l’effort ne fait qu’ajouter à la force du texte. Hommage aussi au traducteur, Alex Fouillet, dont les phrases ne sonnent jamais faux.
Danois, né en 1976, Jonas T. Bengtsson est l’une des nouvelles voix de la littérature scandinave. Cultivant une grande discrétion sur son histoire personnelle, il est apparu sur la scène littéraire danoise comme un météore en 2005, avec Les lettres d’Amina, un premier roman accueilli d’emblée comme une œuvre majeure. Deux ans plus tard paraissait Submarino , deuxième succès spectaculaire, tant auprès de la critique que du public. Jonas T. Begtsson affirme que Submarino n’a rien d’autobiographique mais il connait bien le milieu du culturisme et vit dans le quartier de Copenhague qui sert de décor à son livre. Submarino a été déjà été adapté à l’écran, par le réalisateur de Festen, Thomas Vinterberg.
Le classique : Trainspotting d’Irvine Welsh (éditions Points)
Publié en 1993 à Londres, Trainspotting est devenu immédiatement un livre-culte dans les cercles branchés de Londres et Edinbourg. Le succès allait devenir planétaire trois ans plus tard avec la sortie du film de Danny Boyle. Trainspotting n’est pourtant pas un livre facile. Premier roman d’Irvine Welsh, il est écrit en partie dans une langue parlée, retranscrite phonétiquement avec un accent écossais à couper au couteau.
Construit presque comme une suite de nouvelles, Trainspotting raconte la vie d’un groupe de junkies qui survivent dans une banlieue ouvrière d’Edinbourg. Une survie dominée par la drogue : celle qu’on consomme, celle qu’on cherche, celle qui manque, celle à laquelle on essaie d’échapper.
Il y a aussi quelques femmes, mères ou petites amies, des bagarres, de la musique… Et, pour finir, le voyage en train, épique et ridicule, qui conduit nos héros d’Edinbourg à Londres pour un gros "deal" censé leur apporter la fortune.
Irvine Welsh, né en 1958 dans une famille ouvrière installée à Leith, une banlieue d’Edinbourg, il a passé un CAP d’électricien avant de quitter l’école à 16 ans. A 20 ans, il était installé à Londres, partageant sa vie entre un job dans le bâtiment et sa passion – la musique punk. Dix ans plus tard, Irvine Welsh était de retour à Edinbourg, marié et étudiant en MBA. C’est à partir du journal de bord qu’il tenait pendant sa période punk que Welsh a écrit Trainspotting. Désormais auteur reconnu même s’il n’est pas du goût de tout le monde, Irvine Welsh continue à jouer les DJ. Il s’est aussi lancé dans le cinéma. Il vit entre Dublin et Miami, avec sa deuxième épouse.