Les petites histoires d'enfance d'Aya

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le cinquième tome de la bande dessinée Aya de Yopougon sort en librairie avant une arrivée sur grand écran en 2011.

Plus de 300.000 exemplaires vendus, traduits en 12 langues, des prix en cascade et bientôt un film. Aya de Yopougon est le phénomène BD de ces dernières années. Marguerite Abouet y raconte les "petites histoires" de son enfance en Côte d'Ivoire.

Illustrée par Clément Oubrerie, la série raconte la vie de familles ivoiriennes à travers Aya et ses amis Bintou, Adjoua et Moussa. Si l'héroïne veut être médecin, Bintou et Adjoua comptent "finir en série C", c'est-à-dire devenir "couturière, coiffeuse, ou chasseuse de mari", quand le fils à papa Moussa ne pense qu'à "chauffer" (s'amuser).

La scénariste est née il y a 38 ans à Yopougon, une commune populaire d'Abidjan. Elle a 12 ans quand elle débarque à Paris, confiée à un oncle qui craignait de la voir "mal finir" à force de "traîner dans la rue pieds nus à jouer au football". Mais l'Afrique ne la quitte pas. "A 12 ans, on est déjà grand, on sait plein de choses. Il me suffisait de fermer les yeux pour me retrouver à Yopougon", dit-elle, l'air rêveur.

A 17 ans, Marguerite Abouet commence à consigner ses histoires dans un carnet. Dans sa petite chambre, elle "écrit ses souvenirs" émaillés de mots "nouchi", l'argot ivoirien. De ses souvenirs naît Aya, une adolescente qui, dès la parution du premier tome de ses aventures fin 2005, est adoptée par les lecteurs. Début 2006, l'auteur reçoit le premier prix du Festival d'Angoulême, plus grand rendez-vous français de la BD. "Je ne m'attendais pas à un tel succès", avoue-t-elle.

En France, Marguerite Abouet a découvert à la télévision l'Afrique de "la guerre, la maladie, la pauvreté", une réalité étrangère à ce qu'elle dit avoir vécu à Yopougon. "Le but dans Aya, c'est qu'après quatre pages on se dise qu'on n'est plus en Afrique mais juste dans une histoire qui ressemble un peu à la vie de tout le monde", explique-t-elle. "En Afrique, il y a des endroits où ça va et d'autres où ça ne va pas", glisse l'auteur, qui se défend d'idéaliser le continent de son enfance. Dans cette histoire, "la partie qui est réelle, c'est Yopougon, cette joie de vivre qui règne partout. Moi, je suis Akissi, la petite soeur d'Aya".

Marguerite Abouet se dit encore surprise du succès de ses histoires. En 2011, Aya doit changer de dimension et sortir en dessin-animé au cinéma. Un prolongement naturel de la bande dessinée. Ecoutez Marguerite Abouet dans Le temps de le dire, animé par Pierre-Louis Basse.

Marguerite Abouet prépare aussi la sortie de Bienvenue, une nouvelle bande dessinée dont l'héroïne est une jeune Parisienne. "C'est pour dire que je sais aussi faire des scénarii avec des Blancs !", sourit-elle.