La politique s’invite aux cérémonies

© REUTERS
  • Copié
Amélie Bertrand , modifié à
Les soirées de récompenses servent régulièrement de tribune publique aux artistes.

Oscars, César, Victoires de la musique… Les artistes engagés se servent de ces cérémonies pour faire passer leurs idéaux. Retransmises en direct, ces soirées leur assurent en effet une liberté de parole et de temps, devant aussi bien des millions de téléspectateurs que le ministre de la Culture assis au premier rang.

Ainsi Bertrand Cantat avait profité des Victoires de la musique 2002 pour faire un discours contre le patron de sa maison de disque, Jean-Marie Messier :

Les Oscars contre la guerre en Irak

La cérémonie des Oscars de 2003 se déroulait alors que le débat faisait rage autour de la guerre en Irak. De nombreux artistes ont profité de cette tribune pour montrer leur opposition à ce conflit.

Michael Moore a reçu ce soir-là le prix du meilleur documentaire pour Bowling for Columbine. Le cinéaste en a profité pour faire un discours anti-Bush très appuyé, sous les hués et les applaudissements du public :

"Nous vivons dans une époque où les résultats des élections sont faux. Nous vivons dans une époque où un homme nous envoie faire la guerre pour des raisons fictives/fausses. Nous sommes contre la guerre Monsieur Bush."

Adrien Brody, récompensé lors de cette cérémonie pour son rôle dans Le pianiste, a quant à lui fait taire l’orchestre pour pouvoir mener son discours jusqu’au bout. En signe de protestation, certains acteurs sont également venus habillés en noir, et faisant le signe de la paix aux photographes sur le tapis rouge.

Tim Robbins_oscars_630420

© REUTERS

Un an après cette cérémonie houleuse, Michael Moore recevait la Palme d’or au Festival de Cannes. pour Fahrenheit 911. "Vous avez fait ça pour me mettre dans les ennuis", avait lancé le cinéaste au jury sous une ovation du public.

Les intermittents se font entendre

En 2003, la réforme en France du régime des intermittents du spectacle est modifiée, provoquant une vague de protestation très vive dans le milieu. Les cérémonies de récompense, où le ministre de la Culture est toujours présent au premier rang, deviennent pendant plusieurs années le lieu idéal pour les intermittents voulant se faire entendre.

En 2005, l’acteur Lambert Wilson s’est fait leur porte-parole lors de la cérémonie des César :

Agnès Jaoui avait tenu ce rôle l’année précédente, reprochant au ministre de l’époque, Jean-Jacques Aillagon, "d'anéantir la diversité culturelle à coups de lois absurdes". En 2006, la cérémonie, retransmise en direct sur Canal+ avait été interrompue une heure par une manifestation d’intermittents. Un an plus tard, la réalisatrice Pascale Ferran a tenu un discours plus général sur la protection des artistes, incitant les candidat(e)s à l’élection présidentielles à "oser prononcer le mot culture" dans leur programme.

Les Victoires de la musique ont aussi servi de tribune aux intermittents en 2004. Craignant des dérapages, France 2 avait tout d’abord prévu de diffuser la cérémonie en très léger différé. La soirée resta finalement en direct, avec Sanseverino comme porte-parole des manifestants. Plusieurs autres artistes ont aussi profité de leur présence sur le plateau pour soutenir le mouvement, comme Laurent Voulzy qui a ponctué sa chanson d ’un "Je ne parlerai pas des intermittents du spectacle. Leur combat est légitime donc je n'en parle pas."

Quand à Mickey 3 D, le groupe a légèrement changé sa chanson Respire pour soutenir le mouvement :