La fin des "cols rouges" à Drouot

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Les commissionnaires de l'hôtel des ventes sont mis en cause dans une affaire de vol.

Avec leurs cols rouges, ils sont un peu l'âme de l'hôtel des ventes de Drouot. Les "Savoyards" qui travaillent depuis 150 pour la prestigieuse maison d'enchères vont pourtant devoir quitter Drouot. La justice a en effet mis en examen l'Union des commissionnaires du célèbre Hôtel des Ventes (UCHV) de Drouot dans l'enquête sur des détournements d'oeuvres d'art.

L'UCHV a été mise en examen comme personne morale le 21 juillet pour association de malfaiteurs, complicités et recels de vols en bande organisée. Cette mesure s'accompagne d'un contrôle judiciaire interdisant à l'UCHV et à toute personne travaillant en son nom d'exercer son activité de manutention et de transport des oeuvres échangées chez Drouot à compter du 1er septembre. Si cette société en nom collectif reste présumée innocente, cette interdiction met fin de facto - au moins temporairement - à la longue histoire qui lie les "cols rouges" à Drouot.

Le scandale a poussé l'Hôtel Drouot à anticiper et à mettre fin en février au monopole de fait de l'UCHV. Pour la remplacer, Drouot a lancé un appel d'offres "auprès de plusieurs sociétés de transport et de manutention". L'hôtel des ventes est fermée pour travaux cet été et doit rouvrir le 21 septembre prochain.

L'interdiction aux commissionnaires d'exercer sous l'appellation de l'UCHV ne les empêche pas de répondre à l'appel d'offres lancé par Drouot. "Il faut qu'ils puissent constituer une société d'ici là et présentent toutes les garanties professionnelles et sur leur passé judiciaire", a toutefois précisé Antoine Boulay, un porte-parole de la maison d'enchères.

Le Syndicat national des Maisons de ventes volontaires (Symev) qui représente deux tiers des 360 maisons de vente volontaires a souligné "l'urgence de réorganiser Drouot" pour que "les commissaires-priseurs puissent continuer à exercer leur activité à Drouot dans des conditions de confiance, de transparence, de légalité et de qualité".

L'enquête a mis au jour des pratiques frauduleuses de la part de certains commissionnaires, soupçonnés de détourner à leur profit objets et oeuvres d'art destinés à être vendus aux enchères. Lors d'une première vague d'interpellations en décembre, les policiers avaient retrouvé un tableau de Gustave Courbet volé en 2004. Par la suite, ils ont notamment récupéré des lithographies de Marc Chagall, une encre de Pablo Picasso et des diamants.