Après le MET à New York, c'est au tour de l'Opéra Comique à Paris de se lancer dans la retransmission en direct d'un opéra dans des salles de cinéma. Pour cette première européenne, c'est la nouvelle production de Carmen qui a été choisie. Jeudi soir à 19h30, dans 45 cinémas de France, de Suisse et de Belgique, des spectateurs vont assister à la représentation, comme s'ils étaient dans la salle Favart.
La maison parisienne pourra ainsi toucher un public qui n'aurait pas pu, sans cela, venir écouter cette "Carmen" : le spectacle est en effet donné à guichets fermés (1.250 places chaque soir) pour un nombre de représentations réduit, tant la production est coûteuse. L'endroit est idéal puisqu'il l'a vue naître (en 1875) et possède l'acoustique idoine pour garantir l'intimité de l'oeuvre.
Le très francophile chef anglais John Eliot Gardiner l'a bien compris, qui ménage d'un geste vif et minutieux un bel équilibre entre la fosse, où a pris place son luxueux Orchestre révolutionnaire et romantique, et le plateau, où officie un Monteverdi Choir toujours clair et éloquent, sans beaucoup de rivaux dans le monde des ensembles vocaux.
La "Carmen" de Bizet est incarnée par une "actrice" lyrique à la présence incendiaire, l'Italienne Anna Caterina Antonacci. Vivant à Paris, dotée d'une tessiture large et de dons de tragédienne exceptionnels, elle interprète Carmen avec un mélange de sensualité méditerranéenne et de liberté ravageuse qui fait mouche dans la peau de la cigarière, séductrice d'un brigadier bientôt délaissé, qui la tuera par jalousie et dépit.