Gilles Jacob : "L'amour du cinéma est resté pareil"

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Guillaume Asskari , modifié à
INTERVIEW E1 - Gilles Jacob, ancien président du festival de Cannes, s'est confié sur ses souvenirs et son histoire d'amour avec le Festival de Cannes.

À quelques jours de l'aventure du 68e festival du cinéma sur la Croisette, Gilles Jacob publie mercredi son roman "Le festival n'aura pas lieu" (éditions Grasset). Il raconte les différentes mésaventures que le festival de Cannes a connues durant ses trente-huit ans sur le tapis rouge. D'abord, délégué général à partir de 1978, puis président du festival de 2001 à 2014, Gilles Jacob est revenu sur ses années tout en haut des marches de Cannes. C'était l'interview vérité mardi sur Europe 1.

Le festival n'aura pas lieu, c'est le titre de son livre mais aussi l'une de ses principales angoisses en tant que président. "C'est la hantise de tous les directeurs de festival", reconnaît Gilles Jacob. En effet, le Festival de Cannes n'a pas toujours eu lieu : "C'est ce qu'il s'est passé en mai 68 où là j'étais seulement journaliste", se rappelle-t-il. "Mais ensuite dans d'autres d'occasions, soit il n'y avait pas d'argent, soit le nouveau palais ne marchait pas", ajoute-t-il

En mai 68, le Festival de Cannes n'a en effet pas lieu sous la pression des cinéastes François Truffaut, et Jean-Luc Godard. Gilles Jacob se souvient : "J'étais journaliste, j'avais l'oreille collée aux premiers transistors, j'écoutais Europe 1. [...] J'étais observateur, je ne voulais pas que le festival s'arrête... ". "Tous ces jeunes gens en colère sont arrivés en disant : La France s'arrête, il n'est pas normal que le festival ne s'arrête pas. C'était vrai aussi", rappelle Gilles Jacob.

Dans cet ouvrage, on suit le parcours de Lucien Fabas, un journaliste qui devient secrétaire général du Festival de Cannes. Lucien Fabas ? "C'est un nom d'emprunt. C'est un composite qui est fait des différents directeurs du festival successifs, notamment mon prédécesseur Robert Favre le Bret, qui lui aussi a été 38 ans à la tête du Festival de Cannes". Au fil de l'histoire, les rencontres sur le tapis rouge s'enchaînent : de Franck Sinatra à Ava Gardner. "J'ai croisé Grace Kelly, John Ford mais Ava Gardner je ne l'ai jamais vue. Ça me permet de la fantasmer encore plus", raconte Gilles Jacob. 

Questionné par Maxime Switek, Pierre Lescure, son successeur, a laissé un message à Gilles Jacob afin de connaître la liste des personnes à qui il ne doit pas serrer la main, lui qui présidera son premier festival le 13 mai prochain. "Elle est longue mais je ne la lui communiquerai pas", ironise Gilles Jacob.

L'esprit du festival de Cannes des années 50 selon Gilles Jacob :

Jacob : "Le tampon "Cannes" peut faire peur"par Europe1fr

Selon Gilles Jacob, le cinéma montre une autre image qu'avant : "aujourd'hui, c'est devenu une énorme machine [...] On a voulu conquérir l'indépendance (financière, administrative...) du festival". Seul point commun avec le cinéma actuel : "L'amour du cinéma est resté pareil, la passion des films. On est dans une bulle.", précise Gilles Jacob. 

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