Après le net, Bakchich investit les kiosques

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INTERVIEW - "On ne se lance pas sur le papier avec un flingue sur la tempe", assure l’un des fondateurs du site internet, qui peine à trouver un modèle économique.

Cent mille exemplaires tout en couleur, à l’assaut des kiosques français : depuis mercredi, Bakchich, magazine né sur internet il y a trois ans, est disponible en kiosques. Vendu 1,80 euros, il se présente comme "le nouveau canard satirique", allusion directe au Canard Enchaîné, qui paraît lui aussi le mercredi.

Objectif : vendre 25.000 exemplaires par semaine, à un lectorat "différent de celui du net, qui n’aime pas trop zapper", explique Xavier Monnier, l’un des cofondateurs du site et actuel directeur adjoint de la rédaction, à Europe1.fr.

La démarche -passer du web au papier- reste inhabituelle, et révèle surtout les difficultés financières du site "d’informations, d’enquêtes et de mauvais esprits", qui n’est pas parvenu à trouver son point d’équilibre. Selon les chiffres cités par Les Echos mercredi, le chiffre d’affaires de Bakchich sera, en 2009, de "200.000 et 250.00 euros, alors que les charges mensuelles s’élèvent à 50.000 euros".

"On ne va pas sur le papier contraint et forcé, on n’a pas un flingue sur la tempe. On y va parce que ça nous fait marrer", promet toutefois Xavier Monnier. Pour se lancer sur le papier, Bakchich va bénéficier d’une levée de fonds de 150.000 euros, qui sera effective "début octobre".

Pour l’instant, l’hebdomadaire ne comporte pas de publicité, et ne peut donc compter que sur les ventes en kiosques, pour se financer. Ce n’est pas "un choix idéologique, mais tout simplement parce que aucun annonceur ne s’est manifesté", assure Xavier Monnier.

"Il n’y a aucun commercial, on avisera quand un annonceur se manifestera. Peut-être que l’on tirera à la courte-paille parmi la rédaction …", explique Xavier Monnier. Le site internet dispose d’une régie publicitaire, chargée de commercialiser des espaces publicitaires sur le site, mais qui n’a pas souhaité accompagner Bakchich dans ses aventures papiers.

Côté éditorial, les vingt pages de ce premier numéro papier sont principalement concentrées autour d’informations sur le monde politico-médiatique, et les articles ne sont pas disponibles sur le net. "Le problème de l’articulation n’est pas résolu", reconnaît Nicolas Beau, ancien du Canard enchaîné et directeur de la rédaction de Bakchich, interrogé par Les Echos … qui envisage de "distiller des papiers de l’hebdo sur le site [ …] avec un petit décalage dans le temps".