Trop de violence dans le foot féminin ?

© MAXPPP
  • Copié
, modifié à
FOOT - La violence dans le football féminin est un phénomène d'étude relativement nouveau.

Vanté tout l'été pour sa richesse technique et son faible impact physique, le football féminin, dont l'équipe de France est la vitrine, ne semble pas, lui non plus, à l'abri des dérives de son grand frère masculin. L'agression, le samedi 10 décembre dernier, de la jeune Noor, 17 ans, sur un terrain du XVe arrondissement de Paris, a remis au coeur de l'actualité la violence dans le football amateur et féminin. Simple fait divers isolé ou signe d'une dérive généralisée ? Europe1.fr tente d'apporter des éléments de réponse.

"Un cas à part, marginal"

Depuis 2005, un observatoire de la violence, devenu depuis observatoire des comportements, créé par l'ancien président de la FFF, Jean-Pierre Escalettes, répertorie les différents incidents qui émaillent les milliers de matches de l'Hexagone. Les éléments chiffrés obtenus proviennent des observations de l'arbitre mais peuvent également avoir pour origine d'autres textes officiels : lettres de collectivités, de clubs, de témoins, d'officiels ou de forces de l'ordre. Sollicités par Europe1.fr, la direction de la FFF, présidée depuis juin 2011 par Noël Le Graët, et Patrick Wincke, qui dirige cet observatoire, n'ont pas souhaité communiquer officiellement sur ce sujet qui reste très sensible.

Néanmoins, la Fédération a accepté de nous livrer les chiffres des incidents relevés sur l'ensemble de la saison 2010-11 dans les différentes catégories, hommes comme femmes. Ainsi, sur les 13.863 matches féminins qui ont eu lieu, seulement 93 ont été marqués par des incidents, soit 0,70%. Chez les jeunes filles, sur les 3.657 rencontres disputées, huit ont posé problème, soit 0,22%. A titre de comparaison, la catégorie "la plus à risques", les garçons de 18 ans, 9.145 incidents ont été relevé sur 351.000 matches, soit 2,60%.

"L'incident de samedi reste un cas à part, marginal", conclut-on à la FFF, qui note un maintien du pourcentage d'incidents d'une année sur l'autre (1,8% sur plus de 700.000 matches disputés dans l'ensemble des catégories). Ce "cas à part" est donc intéressant d’un point de vue médiatique...

Un effet du machisme ?

La proportion d'incidents dans le foot féminin reste donc très faible. Mais, dans leur article "Quand les footballeuses en viennent aux mains" publié dans la revue Champ pénal, Nicolas Penin, Fatia Terfous et Oumaya Hidri Neys notent que si, "à nombre de matches équivalent, les rencontres entre hommes sont 3,6 fois plus souvent touchées par les violences et les incivilités que les matches de football féminin", l'activité délictueuse des femmes dans le football "dépasse, en proportion, celle qui est la leur dans la société civile". En effet, selon les chiffres de l'observatoire national de la délinquance (OND), les femmes sont 5,6 fois moins impliquées que les hommes en tant que délinquantes.

Comment expliquer cette sur-représentation de la violence féminine dans le milieu du football ? S'appuyant sur l'ouvrage Sport et Civilisation, la violence maîtrisée, de Norbet Elias et Eric Dunning, les auteurs de l'étude s'interrogent sur "la question d'une éventuelle spécificité de l'implication des femmes dans les violences lorsqu'elles investissent des fiefs de la masculinité". Ou la violence des femmes expliquée comme un dommage collatéral du machisme régnant dans le football...