Sarkozy défend son "Grand emprunt"

Nicolas Sarkozy fait un bilan d'étape du grand emprunt, l'occasion pour lui de passer en revue les dossiers économiques prioritaires de la France.
Nicolas Sarkozy fait un bilan d'étape du grand emprunt, l'occasion pour lui de passer en revue les dossiers économiques prioritaires de la France. © I-TELE
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Le président a mis l'accent sur le nucléaire, la recherche sur le cancer et l'enseignement.

Nicolas Sarkozy a donné lundi matin sa quatrième conférence de presse à l'Elysée depuis son élection en 2007. L'objectif était de dresser un premier tableau du grand emprunt. Le président de la République a notamment demandé lundi au gouvernement de "faire des propositions" pour créer un Institut hospitalo-universitaire (IHU) consacré au cancer et pour soutenir les innovations pédagogiques dans l'enseignement.

20 milliards investis d'ici fin 2011

"Relancer l'investissement est une priorité", a commencé Nicolas Sarkozy lors de sa conférence de prersse, avant d'ajouter : "tout l'engagement qui est le nôtre est que la France reste une terre de production". "Notre stratégie, c'est de faire des économies tout en investissant", a-t-il par la suite affirmé. "D'ici à la fin de l'année, sur les 35 milliards d'euros, c'est une une vingtaine de milliards d'euros qui auront été engagés", a poursuivi Nicolas Sarkozy, qui a voulu "éviter le saupoudrage".

Un réseau de l'innovation. "Mettre notre industrie à la pointe de l’innovation, c'est le but des instituts de recherche technologique", a déclaré le président de la République à propos des structures qui ont été mises en place pour collecter les fonds. "Oseo [banque publique de soutien aux entreprises, ndlr] a pu accompagner 1.700 petites et moyennes entreprises", a-t-il poursuivi, avant de préciser "c'est un effort sans précédent au service de l'industrie française".

Nicolas Sarkozy a ensuite listé plusieurs domaines jugés prioritaires : l'aéronautique, l'espace, le véhicule du futur (voiture, train, avion, bateau), le recyclage ou encore les nanotechnologies. D'autres secteurs, s'ils ne sont pas voués à disparaître, se développeront "plus sur des niches", à l'image de la filière textile.

L’énergie, un dossier prioritaire

Centrale de 4e génération. Les énergies renouvelables ont occupé une place centrale : le "mix énergétique" français est pris en compte, d'où un important effort accordé "aux centrales nucléaires de 4e génération". "Nous allons consacrer un milliard d'euros au programme nucléaire du futur, notamment 4e génération". Un investissement d'autant plus incontournable aux yeux du président de la République "qu'il n'existe pas d'alternative à l'énergie nucléaire".

Le dossier de la sûreté. "Nos centrales sont plus chères parce qu'elles sont plus sûres", a-t-il poursuivi, estimant que ce qui était un handicap est donc redevenu un atout depuis la catastrophe japonaise de Fukushima. Nicolas Sarkozy souhaite donc que la filière française conserve le leadership et qu'elle soit encore plus sécurisée. "Nous allons également dégager des moyens importants du grand emprunt pour renforcer la recherche dans le domaine de la sûreté nucléaire", a-t-il annoncé, avant d'ajouter : "la France a déjà une avance considérable sur tous les autres".

Les autres dossiers énergétiques. Concernant les autres énergies, Nicolas Sarkozy a affirmé que les dépenses pour l'énergie solaire ont été "multipliées, depuis que je suis président de la République, par cent". Au total, la France investit "1,350 milliard sur les énergies renouvelables et sur les procédés de production décarbonée".

Santé, l'autre chantier

"Un pôle mondial de recherche" sur le cancer. La France va "regrouper nos forces pour faire un pôle mondial" de recherche médicale sur le cancer, a précisé Nicolas Sarkozy, prenant en considération les protestations des chercheurs, qui regrettaient que le cancer soit le grand oublié du grand emprunt. "Nous pensons impossible de ne pas avoir un Institut hospitalo-universitaire sur la pathologie du cancer", a rectifié Nicolas Sarkozy.

3 milliards pour les "laboratoires d'excellence". Il a rappelé que 100 projets de "laboratoires d'excellence" (dits Labex) avaient d'ores et déjà été sélectionnés et bénéficieront de trois milliards d'euros. "Ces 100 projets sont répartis sur l'ensemble de la France", a-t-il assuré, alors que des critiques étaient apparues sur la trop grande centralisation des "Labex" choisis.

Un total de 35 milliards

Les budgets, secteur par secteur. Au total, la France a réuni 35 milliards d'euros, constitué de 22 milliards levés sur les marchés et 13 issus du remboursement des prêts consentis aux banques en 2008. Une enveloppe de 11 milliards doit être affectée à l'enseignement supérieur et à la formation, dont 8 pour la seule création de huit "campus d'excellence", une autre de 8 milliards à la recherche, en mettant l'accent les biotechnologies et la capitalisation des "start-up".

Transports et communication. Les PME des filières aéronautiques, spatiales automobiles, ferroviaires et navales doivent pour leur part récolter 6,5 milliards, le secteur numérique 4,5 pour généraliser l'Internet haut-débit sur tout le territoire avant 2025.

L’économie n'est pas le seul sujet

Les nombreuses questions qui ont suivi le discours de Nicolas Sarkozy n'ont pas longtemps porté sur l'économie, la politique étant dans tous les esprits. La candidature de Christine Lagarde à la tête du FMI, l'élection présidentielle en 2012 et la Libye ont notamment été évoqués.

La candidate Lagarde. Nicolas Sarkozy a préféré botter en touche par "courtoisie" pour le FMI. "J'attendrai que Christine Lagarde, pour qui j'ai amitié et confiance, soit désignée pour décider avec le Premier ministre les conséquences que nous en tirerons", a-t-il ensuite déclaré à propos du futur remaniement.

Le candidat Sarkozy. Nicolas Sarkozy a rapidement évacué la question, rappelant qu'il est déjà en poste, et "ne peut pas se distraire de cela" pour se consacrer à une campagne présidentielle.

L'engagement en Libye. "Sur la Libye, je dirai simplement que j'ai été assez choqué par ce que j'ai lu et vu sur les dépenses militaires", a-t-il regretté, avant d'ajouter : "monsieur Kadhafi sait parfaitement ce qu'il faut faire pour que la paix revienne : qu'il quitte le pouvoir".