Pourquoi Sarkozy joue-t-il au "si je perds, j'arrête" ?

Sarkozy quittera la politique en cas de défaite
Sarkozy quittera la politique en cas de défaite © MAXPPP
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Hélène Favier , modifié à
En transformant l’élection en référendum, Nicolas Sarkozy "tend un piège au PS".

En mai prochain, "accordez-moi votre confiance ou je quitte la politique", a déclaré en substance Nicolas Sarkozy aux Français, jeudi sur RMC/BFMTV.

Le candidat de l’UMP a ensuite précisé qu'il ne se plaçait pas dans la perspective d'une défaite et qu'évidemment, il se battrait "de toutes ses forces" pour obtenir un second mandat et "protéger" les Français. Mais à 45 jours de la présidentielle, pourquoi le président-sortant joue-t-il au "tout ou rien" ? Pourquoi cherche-t-il à transformer l’élection en référendum anti vs. pro-Sarkozy ? Quelques éléments de réponse.

Pour dramatiser  la campagne - Depuis le début de la campagne, dans le discours de Nicolas Sarkozy, il y a clairement "une dimension dramatique : il dit en substance 'en mai, ce sera moi ou le chaos' ", explique, à Europe1.fr, le politologue Stéphane Rozès, fondateur de l’agence CAP. Pas de doute, selon lui, cette "dramatisation de l’élection" est évidemment renforcée par la nouvelle déclaration du président. Pour rappel, Nicolas Sarkozy se présente régulièrement en "capitaine" (mot qu’il a cité lors de l’annonce de sa candidature), seul capable de tenir la barre dans une situation de crise. François Fillon reprenait d’ailleurs cet argument, lundi matin sur Europe 1, assurant que les Français auront à choisir, dans quelques semaines, entre Nicolas Sarkozy et "un candidat qui accompagnera le déclin de la France". Dans son collimateur : le socialiste François Hollande.

"UNE STRATEGIE TRES HABILE"

Pour susciter le désir sur sa candidature - Avec son "si je perds, j'arrête", Nicolas Sarkozy cherche également "à susciter le désir, c’est une manière de dire venez me chercher", analyse encore Stéphane Rozès. Et en effet, "c’est clairement une façon de dire que cette élection n’est pas comme les autres et qu’elle se joue sur les personnalités des candidats", confie, à Europe 1, un membre de l’équipe de Nicolas Sarkozy. Mais cette tactique est risquée, car "les courbes de popularité ne jouent pas en sa faveur. Mais plutôt en faveur de son adversaire François Hollande", estime pour sa part Gaël Sliman de l’Institut BVA.

Pour tendre un piège à François Hollande - Enfin, si Nicolas Sarkozy essaie de transformer la présidentielle en plébiscite, c’est qu’il essaie surtout de se replacer au centre de la campagne. "En présentant l’élection en référendum entre pro ou anti-Sarkozy, le président-candidat veut en réalité se placer, lui, au cœur du dispositif de représentation", indique Stéphane Rozès, précisant qu’aujourd’hui " c’est François Hollande qui occupe ce poste".

"C’est là une technique très habile du président et un piège pour François Hollande", ajoute le politologue. Si "le candidat socialiste entre dans ce jeu de l’anti-Sarkozysme, il perdra l’élection. Comme Lionel Jospin avait échoué en 2002 en fondant sa campagne sur l’anti-Chiraquisme. Comme Ségolène Royal avait perdu en 2007 en attaquant frontalement Nicolas Sarkozy. Nous ne sommes pas aux Etats-Unis. Cette stratégie ne fonctionne pas", explique le politologue. "François Hollande aurait tout à perdre à se prêter au jeu de l’anti-sarkozysme, à commencer par son lien avec les Français qui demandent à le connaître davantage, lui. Puisque, jusqu’à présent, ils connaissent déjà mieux Nicolas Sarkozy".