Jospin, "père la morale" de la République

© REUTERS
  • Copié
G.V. avec AFP
François Hollande l'a nommé à la tête d'une commission sur la moralisation de la vie politique.

Chaque 14 juillet connait son lot de personnalités honorées de la Légion d'honneur. L'édition 2012 de la fête nationale a néanmoins mis en valeur une autre personne pou rle moins inattendu : Lionel Jospin. L'ancien Premier ministre socialiste a été nommé samedi président d'une commission sur la moralisation et la rénovation de la vie politique.

"Il y a des règles qui sont demandées parce que nous sommes dans une période difficile et qu'il y a une exigence de moralisation, de rénovation", a déclaré le président lors de son interview télévisée du 14 juillet. "Donc je vais proposer une commission, dans un délai très court, qui sera présidée par un homme incontestable pour son intégrité", Lionel Jospin, a poursuivi le chef de l'Etat.

Le retour de Jospin au premier plan

En deux phrases, François Hollande a remis dans le bain de la vie politique l'ex-Premier ministre. Une manière d'honorer celui qui lui avait confié les rênes du PS en 1997, après la victoire des socialistes aux législatives anticipées de cette année-là. A cette époque, l'homme fort, le vainqueur, c'était Lionel Jospin, lui qui durant cinq ans à Matignon s'est affronté au président d'alors Jacques Chirac. Jusqu'au 21 avril 2002 et le fracas de son élimination du second tour de la présidentielle.

S'en était suivie une retraite de près de dix ans, jusqu'à la campagne présidentielle de cette année. Accompagné de son épouse Sylviane Agacinski, sourire large aux lèvres, Lionel Jospin a suivi pas à pas François Hollande dans son ascension vers l'Elysée.

Deux hommes qui ont appris à s'apprivoiser

"L'austère qui se marre", comme ce protestant s'était défini lorsqu'il était à Matignon, a assisté à tous les meetings importants du futur président  jusqu'à la victoire fêtée le 6 mai place de la Bastille. Pourtant, Lionel Jospin n'était pas à l'origine le mentor de François Hollande, plus proche de Jacques Delors. Mais, les 5 années passées pour le premier à Matignon et le second rue de Solférino ont resserré leurs liens.

jospin hollande

© REUTERS

 "Nous avons appris à nous connaître, nous apprécier comme amis, mais surtout à découvrir qu'avec des personnalités différentes, et par des cheminements parfois différents, nous aboutissions souvent aux mêmes conclusions politiques", expliquait récemment l'ex-Premier ministre.

Lionel Jospin n'exerce plus aucun mandat électif, ni aucune fonction au sein du PS, mais depuis plusieurs années, il ne s'est pas privé d'intervenir dans les débats politiques. Il avait ainsi envisagé de présenter sa candidature en 2007, lorsque le PS se cherchait un candidat, avant d'y renoncer. Cet épisode a éloigné un temps les deux hommes, Lionel Jospin considérant que François Hollande n'avait pas fait tout son possible, à ses yeux, pour lui ouvrir la voie de la candidature, et écarter Ségolène Royal.

Une commission déjà envisagée, jamais installée

Avec la présidence de cette commission sur la moralisation de la vie politique, Lionel Jospin devient acteur et non plus spectateur. Certes, sur ce sujet, des travaux ont été déjà réalisés. En 2010, après plusieurs affaires de conflit d'intérêts, dont l'affaire Bettencourt, l'ancien président Nicolas Sarkozy avait déjà chargé une commission de réfléchir à la prévention de ces conflits d'intérêts.

Un projet de loi prévoyant la création d'une autorité indépendante de déontologie a également été présenté en Conseil des ministres, en juillet 2011, mais il n'a pas été examiné par le Parlement.