Montigny-lès-Metz : Heaulme bientôt fixé

Francis Heaulme saura le 21 mars s’il est renvoyé aux assises pour le meurtre de deux enfants en 1986.
Francis Heaulme saura le 21 mars s’il est renvoyé aux assises pour le meurtre de deux enfants en 1986. © Max PPP
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Frédéric Frangeul , modifié à
Le tueur en série saura le 21 mars s’il est renvoyé aux assises pour le meurtre de deux enfants.

L'info. Depuis des années, il nie être responsable de la mort de Cyril Beining et Alexandre Beckrich à Montigny-lès-Metz, en 1986. Le tueur en série Francis Heaulme, déjà condamné à la prison à perpétuité pour neuf meurtres, saura le 21 mars s’il est renvoyé devant les assises de Moselle pour ce dossier. En octobre dernier, le parquet général de Metz a fait une demande en ce sens. Car de nombreux éléments intriguent sur le rôle de Francis Heaulme dans cette affaire.

Le contexte. Le 29 septembre 1986, deux enfants de 8 ans, Alexandre Beckrich et Cyril Beining sont retrouvés sauvagement assassinés le long d’une voie ferrée à Montigny-lès-Metz, en Moselle. Rapidement interpellé, un suspect âgé de 16 ans, nommé Patrick Dils, avoue le double meurtre. Il sera à condamné à deux reprises avant d’être acquitté en 2002 lors d’un procès en révision. Mais le vrai coupable, lui, demeure introuvable.

Francis Heaulme sur les lieux du crime. Un élément nouveau est toutefois est venu apporter un éclairage nouveau sur cette affaire. Le gendarme Jean-François Abgrall, qui a traqué le tueur en série Francis Heaulme pendant des années jusqu’à son arrestation en 1989, a pu établir que le "Routard du crime" était à Montigny-lès-Metz au moment des faits.  Francis Heaulme travaillait en effet dans une entreprise de maçonnerie, située à 400 mètres des lieux du crime.

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Devant Jean-François Abgrall, Francis Heaulme a évoqué, au sujet de Montigny-lès-Metz un vélo, des pierres jetées par des enfants sur des passants et des automobilistes, une voie ferrée. Lors de plusieurs interrogatoires, il a  aussi reconnu avoir vu et "touché" l’un des enfants morts.

Mais lors d’une reconstitution organisée en octobre 2006, le tueur en série était revenu sur ses déclarations et avait nié être passé par Montigny le jour du crime. "J’ai dit ça pour faire l’intéressant", avait-il alors expliqué.  En l’absence de charges suffisantes, en décembre 2007, Francis Heaulme avait pu bénéficier d’un non-lieu lors d’un examen de son cas.

Des témoignages troublants. Mais d’autres éléments sont depuis venus s’ajouter aux premières suspicions. Un compagnon de cellule de Francis Heaulme, Pascal Michel, a ainsi expliqué avoir reçu des confidences du tueur en série. Selon ses dires, le suspect lui aurait confié avoir reçu des pierres jetées par des "gosses" le jour du drame et être monté sur le talus pour "corriger les enfants".

Lors du troisième procès de Patrick Dils en 2002, des pêcheurs avaient de leur côté indiqué avoir reconduit Francis Heaulme chez sa grand-mère, où il logeait, le 29 septembre 1986. Selon leurs témoignages, il portait ce jour-là des vêtements tâchés de sang. "Je ne dis pas que la seule présence de Francis Heaulme fait qu'il est le coupable, mais il y a dans ce dossier des choses très troublantes", estime Me Boh-Petit, l'avocate de la mère de Cyril Bening, au micro d'Europe 1.

Ce qu'en dit Francis Heaulme lui-même. Pour sa part, Francis Heaulme nie toute responsabilité dans ce crime. "Montigny, ça n'est pas moi, je ne suis pas l'assassin des deux enfants, ça n’est pas ma manière de faire", avait-il argué en 2002 lors du dernier procès dans de Patrick Dils. Avant d’apporter une conclusion glaciale à sa démonstration : "mon style, c’est l’Opinel. Et j’étrangle à mains nues".